Le paradoxe sur terre

À l’heure d’un dérèglement climatique qui se dit sans précédent, le réchauffement planétaire se concrétise chaque année davantage.

D’ici une à deux décennies, les productions agricoles ou horticoles du sud migreront vers le nord. Le melon de Cavaillon deviendra le melon de Dijon, les citrons de Menton se produiront à Mâcon, les tomates de Marmande
sortiront de la forêt de Brocéliande et les violettes de Toulouse se trouveront désormais à Mulhouse. Cambrai deviendra capitale de l’Europe au vu de toutes nos bêtises accumulées.

Les cartes des restaurants afficheront nos spécialités adaptées au nouveau contexte : blanquette de veau végétarienne, légumes bourguignons, cassoulet sans saucisse ni confit, hachis parmentier de pommes de terre,
roulez basquaise !

Le sud de la France sera beaucoup moins at- tractif : des champs de panneaux photovol- taïques feront face aux éoliennes installées en mer. L’énergie sera verte ou ne sera pas.

Pour l’instant, il nous faut composer avec un thermomètre de plus en plus capricieux. Passer du chaud au froid en une nuit, et inversement. Premier paradoxe : on a trop chaud et se chauffer coûte de plus en plus cher avec, pour de bonnes raisons, l’abandon des feux de bois dans les cheminées des habitations citadines.

Le changement climatique nous invite à chan- ger de pratique. Arrêter la déforestation et l’élevage à outrance, stopper la surproduction de gaz à effet de serre et rouler propre : le véhicule électrique est à privilégier. Deuxième paradoxe : on a négligé la maintenance et le renouvellement des centrales nucléaires et parallèlement, on a mis au point des véhicules électriques qui vont nécessairement consom- mer beaucoup d’électricité.

À présent, tout s’accélère. Transitions écologique, économique, énergétique, vestimentaire, alimentaire qui finit par rimer avec rudimentaire. Nous nous sentons bousculés par tout ce qu’il faut affronter et transformer. Il nous faut nous armer de patience et de persévérance après ce long temps d’insouciance et de présomption. Troisième paradoxe : publiées en 1668, les Fables de Jean de La Fontaine ont fait le tour du monde transmettant des leçons de vie dont on était fier, mais dont on s’est si peu inspiré. La dixième fable était « Le lièvre et la tortue ». Souvenez-vous : «Il broute, il se repose, il s’amuse à toute autre chose. […] Il partit comme un trait. […] Eh bien, lui cria-t-elle : n’avais-je pas raison ? de quoi vous sert votre vitesse ? Moi, l’emporter ! et que serait-ce si vous portiez une maison ? ».

Alors, on nous demande de nous adapter, de faire de multiples efforts et d’en payer le prix au propre comme au figuré. Dernier paradoxe : les 1% les plus riches détraquent plus le climat que les 50 % les plus pauvres. Pourtant, les politiques frappent de manière disproportionnée les catégories à revenus faibles ou moyens, sans demander aux plus fortunés de modifier leurs habitudes de consommation.

Le 23, c’est mardi gras, l’entrée dans le Carême pour 40 jours de sobriété ! Souhaitons-nous que ce ne soit pas 40 ans ! Autour des crêpes, des beignets et des gaufres, faisons des jeux de société sans jamais oublier qu’au jeu d’échecs, en fin de partie et quel que soit le gagnant, Roi comme Pion finissent tous dans la même boîte !

Paula Serrajent

 

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