Moussa, rescapé, avec Laurence Bondard :
« notre canot pneumatique était en difficulté » ©ADB

En partenariat avec Le Rocher de Palmer et à l’occasion de la journée mondiale de l’enfance, un rendez-vous citoyen, solidaire et festif a été organisé le 20 novembre sur le thème « Jeunesse naufragée, jeunesse engagée ».

SOS Méditerranée est une association civile européenne de sauvetage en mer, créée en 2015 suite au désengagement de l’Europe. Grâce à deux navires, l’Aquarius puis maintenant l’Océan Viking, cette ONG (1) a sauvé 36 789 personnes entre février 2016 et septembre 2022. Un quart des rescapés ont moins de 18 ans, dont 79 % voyagent seuls. La route migratoire centrale qui relie la Libye à l’Italie est de loin la plus empruntée ; elle est aussi la plus dangereuse avec 19 933 décès recensés entre 2014 et septembre 2022.

 

Une traversée de tous les dangers

Laurence Bondard, membre de l’équipe des opérations, a effectué sept missions à bord de l’Océan Viking. Elle fait part de son expérience. « J’ai vécu plusieurs histoires intenses, très fortes, en particulier avec les enfants. Lors de l’évacuation des bébés des petits bateaux, lorsqu’ils passent de main en main. Je me souviens d’un bébé âgé de quatre jours, secouru avec sa maman épuisée. Et aussi, après quelques jours de repos à bord, de l’énergie des enfants, de leurs jeux. Ils nous donnent une force incroyable ! »

Un quart des rescapés ont moins de 18 ans,
dont 79 % voyagent seul

La traversée est parfois très longue. La dernière rotation a duré trois semaines, depuis le 22 octobre, « en raison d’un blocage politique qui n’a rien à voir avec la loi ». En effet le droit maritime international stipule qu’il y obligation pour les pays limitrophes d’attribuer un port sûr en faveur des personnes rescapées. Les délais d’attribution sont parfois très longs, voire sans suite avec Malte.

 

« Ce n’est pas normal que ça se passe comme ça ! »

Corinne Deroote est professeur de français au collège Jean-Auriac à Arveyres. Elle a eu l’idée de développer la question de l’engagement des élèves. Elle crée alors pour une classe de 4ème un parcours de citoyenneté active sur le thème des migrants, à partir de la lecture du Livre « Eldorado ». Florine, bénévole référente à Bordeaux, est invitée à présenter les missions de SOS Méditerranée et leur danger. « Les élèves ne comprennent pas. Pourquoi est-ce si difficile de tendre la main à quelqu’un dans l’urgence… Cela déclenche alors la colère, le révolte et l’engagement », indique l’enseignante. Téo, 16 ans et aujourd’hui lycéen en classe de seconde, a participé à la rédaction de poèmes engagés, des slams. Il nous donne lecture de quelques-uns et conclut également la journée. « On nous donne beaucoup de chiffres qui nous interpellent. Mais au-delà, on parle de gens traumatisés, d’évènements tragiques. On écoute les points de vue des migrants et des sauveteurs. Pourquoi tant de difficultés ? »

Alain Duleu-Burré 

(1) Organisation non gouvernementale. six ou sept sont opérationnelles en Méditerranée.

 

Téo : « On sort des cours classiques et
 du point de vue purement scolaire
» ©ADB