
Les Restos du cœur sont victimes de l’inflation et
de la hausse de la pauvreté. ©Coraline Bertrand
L’appel de détresse a été national. Face à l’inflation, les Restos du cœur sont dans le rouge (1), comme tant d’autres associations. Bien que Bernard Arnault, le patron de LVMH, ait annoncé un don exceptionnel de 10 millions d’euros, cela ne règle pas toutes les difficultés financières. À Cenon, comme en Gironde, les Restos du cœur sont de plus en plus sollicités. Une équation difficile à résoudre.
L’inflation n’en finit pas de faire des ravages. Les Restos du cœur ont vu leur facture s’envoler, notamment à cause de la hausse des prix des denrées alimentaires. En effet, un repas sur trois distribué par les Restos est financé par l’association, les deux autres étant financés par l’Union européenne et les collectes.
« En un an, les Restos du cœur ont distribué 170 millions de repas au niveau national, soit 30 millions de plus que l’année précédente, alors que les produits nous ont coûté beaucoup plus cher. Et si en mars dernier, nous avions récolté 130 tonnes de denrées en Gironde, nous avons servi 23,3 % de repas en plus cet été, ce qui montre que les familles sont de plus en plus en difficulté. L’hiver dernier, nous avions aussi accueilli 19 % de familles en plus dans le département », détaille Françoise Casadebaig, présidente des Restos du cœur en Gironde.
« En Gironde, ceux qui sont venus pour la première fois cette année représentent plus de 60 % des bénéficiaires. On y trouve des foyers qui n’arrivent pas à faire face à leur facture énergie, des personnes qui vivent avec un Smic ou travaillent en intérim, des étudiants qui galèrent… »
Une aide précieuse
Mérignac, Talence et La Teste font partie des 42 centres girondins avec les plus fortes hausses de demandes d’aide. Sur la Rive droite, Cenon a pour sa part accueilli 26,5 % de familles en plus en 2023, ce qui correspond à « 34,7 % de repas en plus », souligne la présidente girondine.
Ce vendredi de septembre, Charlotte (2) et son mari font la queue devant le centre de Cenon. Parents de cinq enfants, ils viennent au Restos depuis le mois de février. « Je ne touche plus rien et mon mari, artisan dans les espaces verts, travaille mais pas tout le temps. On a cinq enfants, les prix augmentent trop donc ça aide de venir. »
Barthélémy vient de Centrafrique. Arrivé en France le 26 novembre dernier, il a obtenu le statut de réfugié mais les différentes aides qu’il perçoit ne lui permettent pas de « [s]e nourrir correctement ». « Grâce aux Restos du cœur, je peux m’en sortir.
Il nous faudrait 200 bénévoles de plus

Nicole Ragougneau (à droite) est responsable
du centre de Cenon. ©Coraline Bertrand
Barèmes revus à la baisse
Pour faire face à cette recrudescence des besoins, les Restos du cœur de Gironde ont organisé une nouvelle collecte exceptionnelle le 30 septembre. « Nous avons aussi organisé plus de manifestations cette année pour récolter des fonds, deux lotos notamment et nous envisageons des vide-greniers, plus festifs », insiste Françoise Casadebaig. Toujours en quête de fonds, les Restos du cœur de Gironde ont aussi besoin de davantage de bénévoles.
+ 26,5 % de familles accueillies à Cenon
« Nous avons 1 400 bénévoles en Gironde mais il nous en faudrait 1 600 pour être plus à l’aise, que chacun soit moins sollicité. »
Cet hiver, les Restos du cœur de Cenon comme les 41 autres centres de Gironde vont devoir réduire le nombre de repas distribués pour une personne seule (9 à 6 par semaine) afin de faire face à lademande. De la même façon, le centre devra probablement utiliser le barème d’été, plus restrictif, ce qui signifie que « des personnes aidées l’hiver dernier risquent de ne plus pouvoir l’être ». Un crève-cœur.
Coraline Bertrand
(1) L’association a annoncé avoir besoin de 35 millions d’euros supplémentaires pour terminer l’exercice à l’équilibre, face à la hausse très importante du nombre de personnes demandant de l’aide.
(2) Le prénom a été modifié.
Restos du cœur de Cenon, 88 cours Victor-Hugo (château du Diable). Distribution les lundis, jeudis et vendredis, de 14 h à 18 h.
Tél. 05 56 40 31 75.

Les denrées distribuées coûtent de plus en plus
cher aux Restos, hors collectes. ©Coraline Bertrand


Les bénévoles se démènent à chaque distribution. ©Coraline Bertrand