Un été avec soi-même
Le mois dernier, Élise m’a offert un livre et m’a dit : « tu verras, c’est un petit bijou… tu vas adorer ». J’étais toute confiante, j’aime lire Sylvain Tesson. Entre Noir, un recueil de quelques textes illustrés par l’auteur, et Blanc, un subtil mélange de poésies et d’ironies, mon cœur vacille. La panthère des neiges, une vie à coucher dehors ou encore un été avec Homère… tout me plait chez Tesson et sa voix résonne longtemps après la lecture.
Un petit bijou… je ne vais pas le lire tout de suite. Je vais le mettre de côté et le savourer cet été, quand le bureau sera fermé à clé pour quatre semaines, quand le linge sèchera au soleil dans le jardin, quand les champs seront fleuris, quand les marchés seront colorés, quand les abricots auront remplacé les pommes et que les fraises se cacheront sous la chantilly.
Un petit bijou… à lire lentement, à savou-rer en entendant le bruissement des feuilles quand l’air chaud s’infiltre entre les branches, quand les soirées s’éternisent et que le ciel rougit longuement.
Un petit bijou… de douceur pour « s’abandonner à vivre », titre d’une autre de ses œuvres, recueil de 19 aventures à travers le monde, comme autant de fenêtres sur un ailleurs, 19 aventures humaines, comme autant de fenêtres sur nous-mêmes.
Je craque. Je n’attends pas davantage et feuillette le petit bijou avant même que le bal des voitures chargées et autres camping-cars commence sur les routes de France. « Les vers de Rimbaud sont rares mais ont électrocuté le verbe. » Et me revient en mémoire ce qu’au collège, on m’avait fait apprendre par cœur « Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers, picoté par les blés, fouler l‘herbe menue… Je laisserai le vent baigner ma tête nue. »
Je craque. Je laisse le vent baigner ma tête nue. Je pars fouler l’herbe menue, pieds nus. C’est une belle soirée bleue d’été et le temps reprend ses droits. Pas de sonnerie, pas d’agenda à consulter, pas de rendez-vous à honorer.
Je craque. Je vais flâner longtemps, jusqu’à ce que le ciel rougisse et laisse place à la voute céleste. Me poser sur ce banc de pierre et écouter la nuit. Observer les étoiles filantes et faire des vœux. Me retrouver et me dorloter. Fixer l’horizon sans penser à demain. Laisser le temps s’écouler. Respirer l’été !
« Rimbaud l’a prouvé plus que tout autre voyageur : le plus court chemin vers le foyer natal vous conduit d’abord autour du monde. »
Je ferme la dernière page du petit bijou et l’été s’installe. Devant moi, mille espaces à découvrir ou revisiter, mille décors naturels, mille instants régénérants, mille raisons de passer un bel été sur la grande Rive droite de Bordeaux.
L’Écho vous en dit plus… un dossier d’été concocté rien que pour vous !
Bel été 2023, tout en douceur et poésie.
Paula Serrajent
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