L’eau et les rives*
Pourquoi est-il si plaisant de se promener au bord d’une rivière ou faire le tour d’un lac ? Pourquoi est-ce si vivifiant de regarder l’océan ? Quel mystère porte en elle l’eau pour nous emmener si loin dans notre imaginaire lorsque nous nous posons devant elle et jouons avec notre reflet ?
Ça coule de source, dit-on.
En épluchant les formules toutes faites autour de cet élément naturel et en (re)lisant des citations et proverbes bien connus, je me rends compte combien l’eau est fascinante et inspirante. « L’eau est une flamme mouillée » écrivait Novalis et nombreux sont les poètes, écrivains, paroliers et autres auteurs à explorer l’eau au travers de multiples métaphores.
C’est amusant de découvrir que la considération pour l’eau est variable selon les cultures. Ainsi, j’ai pu lire des proverbes asiatiques très pragmatiques comme « l’eau prend toujours la forme du vase » ou « lorsque l’eau monte, le bateau fait de même » et des proverbes orientaux plus philosophiques « quand tu bois de l’eau, pense à la source » ou encore « bavardage est écume sur l’eau, action est goutte d’or ». J’ai volontairement zappé tout ce qui tourne autour de « l’alcool rend l’eau potable » ou encore « verser de l’eau dans du cognac, c’est gâcher deux bonnes choses » bien que tout cela ne soit que du bon sens et j’ai pu constater que de ce côté-là, les proverbes français étaient très nombreux.
Surfant sur la vague internet, j’ai trouvé des textes très oniriques et des interprétations de rêves mettant en jeu l’eau, le fleuve, l’océan ou la fontaine. Rêver d’eau, c’est généralement témoin d’une importante période de transformation voire d’élévation spirituelle. Sauf si l’eau est boueuse… signe de turbulences et d’incertitudes, ou si elle est inondation… symbole d’une charge trop importante, caricaturée par l’expression « être sous l’eau » ! Le lac représente la plénitude, l’eau bleue la paix intérieure.
L’eau est source de beaucoup d’émotions, qu’on se laisse porter par le bruit des vagues ou le clapotis de la rivière. Auprès d’un ruisseau, on se sentirait presque comme un poisson dans l’eau. La littérature sur le sujet est abondante, tantôt historique, tantôt humoristique. Dans le registre des abécédaires, on pourrait trouver à la lettre S, sardine : petit poisson sans tête qui vit dans l’huile ou à la lettre V, verre d’eau : quantité de liquide dans laquelle les autres se noient.
Oserai-je écrire que l’eau est un puits sans fond, qu’il faut tout de même se méfier de celle qui dort, que s’il y a de l’eau dans le gaz, cela peut se finir en eau de boudin et ainsi nous mettre le bec dans l’eau ? Oui.
Oserai-je ajouter que tout part à vau-l’eau, où vau signifiait, au XIIème siècle, la descente dans le creux d’une vallée tout en suivant un cours d’eau, et qu’au fil du temps, l’expression est devenue plus sombre se rapprochant du concept de courir à sa perte… un peu comme l’eau du robinet à laquelle nous prêtons enfin à nouveau attention, conscients qu’elle n’est pas si éternelle que cela ? Oui.
« Nous ne connaissons la valeur de l’eau que lorsque le puits est à sec. », proverbe anglais.
Pourquoi est-il si plaisant de se promener au bord d’une rivière… peut-être notre dossier du mois apportera de l’eau au moulin de votre réflexion !
Bon mois de mai à tous,
Paula Serrajent
(*) en référence au livre de Gaston Bachelard « L’eau et les rêves », essai sur l’imagination de la matière.
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