Évolution, stabilité, stagnation, régression

Quatre mots qui peuvent synthétiser tant de choses à commencer par la vie humaine. Individuelle ou collective.

Prenez un objet du quotidien, un vêtement, un moyen de transport ou un appareil ménager… son usage permet de le faire évoluer et d’atteindre un seuil de stabilité qui en fait sans doute son succès jusqu’à ce que la satisfaction collective le fasse stagner et petit à petit partir en désuétude puis aux oubliettes.

Pensez à une entreprise, peu importe son métier… elle est créée pour évoluer et se stabiliser en restant en veille permanente : à tout moment, elle peut commencer à stagner et finalement régresser et disparaître.

Arrêtez-vous à présent sur une cause noble comme l’égalité, la fraternité, la liberté, la lutte contre le racisme, la maltraitance animale, le sexisme ou encore la faim dans le monde. Les injustices visibles ont permis de faire évoluer ces belles va-leurs amenant tout un chacun à se sentir presque en sécurité, dans une certaine quiétude voire un bel équilibre porteur et enthousiasmant. Puis vient le moment avec le piège de l’habitude, les choses stagnent et finissent par régresser.

Choisissez un sujet quelconque, matériel ou immatériel, et placez-le à la lumière de ces quatre mots : évolution, stabilité, stagnation et régression. Imparable. Ça marche à tous les coups. La raison peut être l’effet de mode, la cause écologique, le modèle économique ou, plus intrusif, le calcul risque-bénéfice.

En fait, il ne faut jamais se reposer sur ce qui est acquis. Il faut en permanence jongler entre évolution et stabilité. Se remettre en cause régulièrement et regarder le monde à 360 degrés. Quand on atteint la zone de confort, il faut sortir du cadre, ne surtout pas stagner pour éviter de régresser et s’interroger : « Que peut-on encore améliorer, modifier ou transformer pour pérenniser ? ».

Prenons la cause du handicap : en plus de trente ans, prises en main successivement par le monde associatif puis le monde politique, les conditions de vie des personnes concernées se sont nettement améliorées. Le chemin est encore long, certes, mais quelques grands pas ont été faits. On peut véritablement parler d’évolution. Quelques lois sont venues graver dans le marbre ces avancées sociales : 1987, pour favoriser l’emploi des personnes handicapées ; 1990, pour les protéger de la discrimination dont elles sont trop souvent victimes ; 1991, pour améliorer leur accès dans les lieux publics et privés ; 2005, pour définir le handicap et imposer le principe d’égalité, loi suivie en 2006 d’une adoption par l’ONU de la nouvelle Convention sur les droits des personnes handicapées.

Pour autant, le point de stabilité stagne depuis plusieurs années. Quand la volonté d’une ville est là, ce sont les moyens financiers qui sont insuffisants pour accélérer l’accessibilité des bâtiments et espaces verts publics. Quand la loi oblige, les pénalités associées sont moins coûteuses que les transformations nécessaires, offrant aux décideurs une sorte de brèche dans le système. Quand la conscience collective est là, ce sont les petits tracas du quotidien qui reprennent le dessus et hop ! « Je n’en ai que pour quelques minutes » et on se gare sur une place bleue bien matérialisée bien identifiable mais « promis, je fais vite ». On frise la régression.

Alors, pour rester sensible au sujet, entretenir les bonnes pratiques et préserver tout ce qui existe déjà, l’Écho vous propose de découvrir quelques belles initiatives entièrement dédiées à l’accompagnement dans les études, le sport, les soins ou le travail des jeunes et moins jeunes en situation de handicap.

Bien vivre ensemble, c’est bien vivre.

Paula Serrajent

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