LE MÉTÉOROLOGUE, d’Olivier Rolin (Éditions Seuil Paulsen)

« Son domaine c’était les nuages… », annonce Olivier Rolin au début de son enquête sur le sort d’Alexeï Féodossiévitch Vangengheim. Météorologue russe passionné par son métier, communiste convaincu, ce dernier va passer subitement, le 8 janvier 1934, de la gloire au Goulag. Prisonnier dans un lieu glacé près de la mer Baltique, il est une victime de la terreur stalinienne qui a besoin d’un « contre-révolutionnaire » pour justifier les mauvaises récoltes dues à la sécheresse. L’auteur retrace l’emprisonnement d’Alexeï jusqu’à son exécution en 1937, à partir des lettres écrites à sa famille mais aussi grâce aux recherches de l’association Mémorial, après la chute de l’URSS. Vision atroce des horreurs provoquées par la paranoïa stalinienne et son bras armé le NKVD. À lire absolument pour comprendre l’engrenage de la terreur et l’aveuglement des victimes.

Danièle Heyd

LE DERNIER LAPON, d’Olivier Truc (Éditions Points Policier)

Réussir à écrire un livre lumineux se déroulant dans une région où la nuit peut durer 40 jours, c’est à ce voyage extraordinaire que Olivier Truc nous invite. Dans la ville de Kautokeino, deux événements très inhabituels vont bouleverser le quotidien paisible des habitants de la région. Un tambour ancestral est volé au musée local. Le lendemain, un éleveur de rennes Mattis Labba est retrouvé mort poignardé près de son guppi (sa cabane). Ses oreilles ont été tranchées tel un renne volé. Faut-il soupçonner un conflit sanglant entre éleveurs de rennes ? Y-a-t-il un lien avec l’expédition de Henry Mons en 1939 en Laponie ? Klemet Nango, l’unique sami de la police des rennes, et Nina Nansen, sa nouvelle coéquipière vont s’attacher à dénouer le fil de cette histoire particulière. Au-delà de la qualité de l’intrigue, des personnages complexes et des paysages incroyables, le contexte ethnologique et géographique est très bien documenté, on sent de la part de l’auteur une maîtrise complète de la culture lapone et un véritable talent de conteur.

Maïté Lavie