L’ivresse du livre

Bibliomanie, bibliophilie, tsundoku…ou tout simplement liseur ? Quelle que soit l’addiction, il n’y a pas péril en la demeure ! La variante demeure dans la place physique consacrée aux livres acquis, le taux réel de livres lus et le nombre de cartons lourds lors du déménagement !

La bibliomanie est un trouble obsessionnel d’achat et d’accumulation de livres de façon pathologique. Le but ultime est davantage de posséder ces livres et se féliciter de les avoir. Le bibliomane peut même avoir un traversvsupplémentaire : acheter tout livre à portée de main peu importe le genre, ce qui compte, c’est le nombre de livres accumulés. Il existe une autre variante : acheter tout ce qui concerne un domaine comme Napoléon ou les oiseaux migrateurs. Il y a aussi le bibliomane attiré par l’édition de luxe, la collection comme les livres de La Pléïade, voire la rareté du livre. La motivation première reste cependant le nombre total de livres avec un faible pourcentage de livres lus.

La bibliophilie est littéralement l’amour des livres. Plus sage et plus raisonnable que le bibliomane, le bibliophile a l’âme d’un collectionneur même si son érudition n’est pas systématique. Il s’intéresse tout autant à l’objet qu’à son contenu. Certes, il aime également acquérir des livres rares mais généralement avec l’envie de le lire. Sa motivation reste la lecture même s’il peut posséder chez lui des livres qu’il n’a pas (encore) lus.

Tsundoku est un terme japonais issu du mélange de tsunde-oku (accumuler des choses) et doku-sho (livre). Le tsundoku est le syndrome de la pile à lire. Le mot a longtemps exprimé l’idée d’acquérir des livres pour se créer une légitimité intellectuelle. Acheter des livres et les posséder sans forcément les lire tous résument ce syndrome combinant compulsion et plaisir procuré par l‘acte d’achat.

Liseur est le véritable terme pour désigner quelqu’un qui lit. Le grand liseur est défini aujourd’hui sur la base du nombre de livres lus sur une année écoulée. 22. Presque deux livres par mois. Le top de la catégorie est représenté par celles et ceux qui lisent plus de 50 livres par an. Selon une moyenne estimée à 6 heures par livre, cela représente le tiers d’une année (8760 heures). Et en année bissextile, le grand liseur gagne le temps de lecture d’un livre supplémentaire !

L’arrivée des e-books et supports numériques associés aurait augmenté le nombre de liseurs dans le monde. C’est plutôt une bonne nouvelle. On sait parfaitement combien la lecture est bénéfique, même en syndrome obsessionnel. Augmenter la concentration, améliorer la mémoire, diminuer le stress, développer la culture générale, enrichir le vocabulaire, favoriser l’expression orale et écrite, réguler l’endormissement, réduire les risques de la maladie d’Alzheimer et accroître l’empathie. Mieux comprendre les émotions de l’entourage, s’identifier plus facilement à l’autre et savoir écouter.

On entend souvent dire « j’aimerai lire davantage mais je manque de temps ». Il existe un site (en anglais) qui calcule le temps qu’il faut pour lire tel livre. Le calcul est basé sur votre propre temps de lecture (240 mots à la minute en moyenne) et le nombre de pages de l’ouvrage. Amusant.

Pour le dossier de l’Echo, comptez trente minutes. Pour le journal entier, comptez trois heures car vous saurez prendre le temps de regarder les photos. Pour l’édito, comptez trois minutes.

Bon mois de novembre, à cheval entre automne et Noël !

Paula Serrajent