Retour aux sources
Marie m’a dit : « tu pars où cet été ? » et j’ai répondu à Marie que je ne partais pas. Envie d’un été simple, sans mozzarella dans la salade de tomates, sans citron ni épices sur les brochettes grillées au barbecue, sans morceaux de mangues mélangées à la salade de fraises, sans graines de sésame dans la baguette de pain ni jambon sur les tranches de melon. Envie d’un été chez nous, entre festivités dans les villages qui nous entourent et balades en bord de Garonne. Envie d’un été paisible sans chercher un lieu d’atterrissage, sans courir après les « meilleures affaires » ni rouler pendant des heures.
Ronan m’a demandée : « tu fais quoi cet été ? » et j’ai répondu à Ronan que je ne ferai rien. Envie de flâner et de ne plus trop réfléchir. Au temps qui défile si vite, si mal. Au climat qui s’enflamme, aux forêts qui s’envolent, au charbon qui revient, au pétrole qui s’épuise. Envie de traîner entre jardin et chaise longue. Lire et rêver.
Hélène m’a interpellée : « qu’est-ce que tu fredonnes ? » et j’ai articulé pour qu’elle entende les paroles d’une petite chanson passée inaperçue, dans les années 70, de Gilles Vigneault.
« C’est un éclair de juillet, l’éclat vermeil d’un œillet
C’est le soleil que l’on cueille entre les feuilles du pommier doux
C’est la pluie sur le jardin, ça sent le feu et le thym
Un chien qui veille, de l’eau qui bout, c’est le temps qui prend le thé
En rêvant d’éternité,
C’est l’univers qui travaille ce feu de paille
L’été chez nous. »
Marie, Ronan et Hélène m’ont regardée : « qu’est-ce qui te prend ? tu veux rivaliser chez Nagui ? » et j’ai repris, désordonnés, quelques tubes de l’été, le très dansant « Para bailar la bamba, Para bailar la bamba se necesita…por ti séré, por ti séré », l’éphémère « voyage, voyage plus loin que la nuit et le jour, Ne t’arrête pas au-dessus des barbelés, des cœurs bombardés » puis le fameux « on va la tomber, on va tomber la chemise, Et c’est ainsi chez nous et c’est pareil ailleurs, tout ce que ce vilain monde a fait de meilleur, se trouvait là juste pour le plaisir, ce jour-là je peux dire qu’on s’est fait plaisir ». Je chante, c’est tout, c’est mon côté cigale !
« Tu risques de te trouver fort dépourvue quand l’automne va revenir !
– Tu devras aller crier famine chez ta voisine !
– Et voudra-t-elle te prêter quelques graines pour subsister ?
– Elle risque juste de t’inviter à danser maintenant puisque cet été, tu chantais ! » s’amusèrent à me répondre mes trois amis, meilleurs connaisseurs des fables de La Fontaine que moi.
On a repris en cœur « relax, take it easy » … le « détendez-vous » des anglophones, et on a enchaîné sur « le Sud » de Nino Ferrer. On chantait à tue-tête, dans la cuisine, tout en préparant l’apéritif : des cubes de gruyère, des radis bien roses, des bâtons de courgettes et carottes, des gougères bien dorées, des croque-monsieur coupés en quatre, de fines tranches de melon nature, de la tapenade et du caviar d’aubergines maison. On a ouvert les bouteilles de vin blanc frais. On a sorti les glaçons.
On était tous prêts pour l’été, quel qu’il soit. Demain reviendra assez vite.
Beaux mois de juillet et août à tous nos lecteurs !
Paula Serrajent