Histoire d’hier et d’aujourd’hui
En juin, l’Écho a souhaité vous présenter le quartier Bastide-Niel dont le projet a évolué en dix ans, pour tendre vers la reconquête des friches tout en visant à plus de végétalisation et d’aménagements architecturaux basés sur le principe de la frugalité. Le dossier vous en dit plus !
Moi, j’ai décidé de m’arrêter sur Niel, du nom du commandant Adolphe Niel, et plus précisément sur la loi Niel. Napoléon III, admiratif de l’organisation de l’armée prussienne et des victoires notamment sur l’Autriche, décide en 1868 de réformer le recrutement des militaires et des réservistes. Désapprouvée par l’opinion publique et les parlementaires, la loi sera cependant votée. Le tirage au sort sera maintenu. En clair, les mauvais numéros tirés au sort devront effectuer un service de cinq ans dans l’armée et de quatre ans dans la réserve. Par contre, il sera toujours possible d’user du remplacement, principe mis en place en 1855 : ceux qui ne veulent pas rejoindre l’armée versent une somme à l’Etat ou entrent uniquement dans la réserve en nommant un remplaçant pour la partie dite active. L’inégalité est encore et toujours bien là : les plus aisés pourront faire échapper leur enfant à l’obligation militaire tandis que les moins riches n’auront pas d’autre choix que de subir le tirage au sort.
Sans surprise.
En ce temps-là, le ministère s’appelait ministère de la Guerre succédant au secrétariat d’état de la Guerre de l’Ancien Régime créé en 1791. Il existait également un ministère de la Marine héritier du secrétariat d’état de la marine lié au ministère des Colonies. Successivement, le ministère deviendra celui de la Guerre et des pensions – 1924 -, puis de la Défense Nationale –de 1932 à 1940– avec une alternance au cœur de la Seconde Guerre mondiale en se nommant ministère de la Défense Nationale et de la Guerre. C’est après 1945 qu’il devient tantôt ministère des Armées, tantôt ministère de la Défense Nationale.
Je devance votre interrogation : actuellement, nous avons un ministère des Armées. Aucun autre terme n’a été ajouté ni dans les précédents gouvernements ni dans le nouveau.
Au fil de nos transformations sociétales, numériques ou écologiques, on a vu apparaître des ministères associés à ces grands enjeux et défis. Je me suis toujours demandé si c’était une bonne chose que l’écologie soit devenue politique. René Dumont a certainement raté quelque chose en 1974. Les inexorables réchauffements climatiques et autres problématiques climatiques étaient déjà dénoncées. Mais l’homme proposait un programme politique dont les aspérités et les références lui firent rencontrer de nombreux détracteurs. On parlait alors du ministère de l’Environnement qui fut renommé Écologie et Développement Durable trente ans plus tard, puis Transition Écologique et Solidaire en 2017 pour finir en deux ministères séparés rattachés tous deux à la Première ministre. Mettre beaucoup de mots sur les maux, transition énergétique, transition écologique, territoires, planification, est-ce enfin la bonne formule pour agir ?
Peut-être devrions-nous renommer cet enjeu « ministère de la Guerre contre le réchauffement climatique » et espérer que l’autre ministère ne devienne pas celui de la Défense Internationale…
Allez, il fait beau et on est en juin. Le 21, fête de la musique et passage à l’été annoncé chaud, chaud, chaud. Profitons-en pleinement et flirtons avec le soleil, les petits bonheurs et l’amour.
Paula Serrajent