Pourquoi le belvédère inspire-t-il autant ?

Marie Brizard, vous connaissez ? Cette liqueur d’anisette enrichie des parfums de vanille, girofle, coriandre, iris, orange, citron et quelques autres ingrédients tenus au secret depuis 1755. Il parait que Mademoiselle Brizard aurait obtenu sa recette auprès d’un marin noir échoué sur le port de Bordeaux et qu’elle aurait recueilli chez elle. À cette époque, le port de Bordeaux négociait avec les Antilles devenant le premier port français. Pourtant, la girofle utilisée vient de Madagascar, la coriandre et l’anis d’Andalousie, l’iris du Maroc, la vanille de Ceylan et les agrumes du sud de l’Espagne… Rien qui ne vienne des Antilles, au demeurant, si ce n’est peut-être ce qui reste de secret dans la recette. Je ne savais pas que Marie Brizard fut rachetée en 1991 par le groupe Belvédère.

Je ne savais pas non plus qu’il existait une vodka nommée Belvédère, marque née dans une petite ville de Pologne et qui, dit-on, est une référence incontournable pour les amateurs de vodkas de luxe. Je ne suis amatrice ni de luxe ni de vodka.

En musique, il existe le groupe punk Belvédère, BLVDR pour les connaisseurs. Mais c’est sans doute dans la littérature que le belvédère inspire le plus. En plein cœur de Montréal, « La Momie du Belvédère » de Laurent Chabin emmène le lecteur dans un suspense haletant. « Le domaine du Belvédère » de Colette Vlérick raconte l’histoire d’une femme amoureuse dans les décors des Cornouailles. Ou encore le roman très fleur bleue de Emilie Grayson où « Les Amants du Belvédère » se retrouvent une fois par an en grand secret. Et le crime presque parfait d’une mère étouffante dans « Le Belvédère » de Patricia Wentworth au moment du mariage de sa fille. « Le Belvédère du diable », aux éditions Harlequin, une intrigue amoureuse bien fade entre une dévouée, un amant fou et un très méchant. On peut ici utiliser la métaphore et dire que l’auteur est un bon esprit de rez-de-chaussée et qu’il n’a jamais eu de belvédère.

Il existe aussi cette œuvre d’André Pieyre de Mandiargues, « Le Troisième Belvédère », où son regard se pose sur les « lieux » de la peinture, la sculpture, la poésie, la narration, l’érotisme ou le voyage qui lui ont donné ses meilleures joies. Sans oublier les éditions du Belvédère d’à peine quinze ans et désormais en liquidation judiciaire.

Belvédère, c’est aussi une plante qu’on dit si « belle-à-voir » appelé kochia et qui passe du vert vif au rose pourpre orangé à l’automne. C’est aussi le palais du pape, en italien. Car le mot est italien. Bel-vé-dé-ré en prenant son temps pour le dire, adagio…

Belvédère, c’est désormais un quartier beau-à-voir et bon-à-y-vivre, avec une vue imprenable sur la Garonne et la ville, le quartier tendance de Bordeaux !

L’Écho du mois de mai vous en parle. Prenez le temps de découvrir ce nouveau numéro et, pourquoi pas, avec un verre de liqueur ou de vodka. En mai, on fait ce qui nous plait. Enfin !

Paula Serrajent