LAURÉAT DU CONCOURS D’ÉCRITURE 2021

Rayan Bouheira est un élève de CM1 à l’école Jean Jaurès de Floirac inscrit dans l’atelier d’écriture, hors temps scolaire, mis en place dans le cadre du Projet de Réussite Éducative de Floirac.

Sujet : 

Le parc du Loret à Cenon commence sa mue. Ce lieu est chargé d’histoire. Les tractopelles sont à l’œuvre, elles creusent de toutes parts. Et c’est alors qu’apparaît… Imaginez la suite.

Une étrange découverte

par Rayan Bouheira

 

Le jour s’achève, la lumière baisse peu à peu. Du haut des coteaux, on voit s’allumer, une à une, les lueurs de la ville.

« Encore quelques pelletées et la journée sera finie » se dit Rayan.

Alors, il rentrera chez lui. Il profitera de la chaleur, loin du bruit et de l’humidité, loin de la dureté de son travail sur le chantier.

L’édifice sera magnifique. Située dans cet immense parc boisé, la future résidence surplombera le fleuve. Rayan est fier de participer à sa construction.

Il s’apprête à éteindre le moteur du tractopelle qu’il pilote quand, soudain, au fond du trou qu’il est en train de creuser, il aperçoit une lumière brillante, aux couleurs changeantes. Elle attire son attention. Il bloque la machine, éteint les phares. Il saute dans le fossé et saisit l’objet.

« On dirait un caillou » se dit-il, en l’observant sous tous ces angles. Un caillou translucide et qui sent le métal,  ajoute-t-il en le portant sous son nez. Jamais vu ça ! »

Comment est-il revenu chez lui ? Rayan ne s’en souvient pas lorsqu’il se réveille le lendemain matin. Un message signé Joshua reçu sur son téléphone le met encore un peu plus mal à l’aise :

Tu aurais pu venir à ma fête d’anniversaire hier soir.  Lâcheur, tu m’avais promis !

« Quel anniversaire ? Qui est Joshua ? » se questionne-t-il.

À peine le téléphone posé, un nouveau message apparaît :

Et cette fois, n’oublie pas d’apporter le dossier à la réunion de ce matin !

Rayan n’y comprend rien. Il s’assure que ce téléphone est bien le sien puis il se dirige vers la salle de bain ; une bonne douche rendra ses idées plus claires. Il s’habille, enfile sa veste et descend les escaliers. Il rejoint sa voiture et s’assoit au volant. Dans la poche droite de son pantalon, il sent un objet dur et anguleux. Il le saisit et le porte à la hauteur de ses yeux. Les reflets étincelants de la pierre l’éblouissent un instant. Enfin, il démarre.

Les abords du chantier ont changé. À peine Rayan reconnaît-il le chemin qui y mène. Un bitume lisse et brillant recouvre le sentier de terre qu’il avait l’habitude d’emprunter. Les abris pour les engins de chantier ainsi que les baraques des ouvriers ont disparu. À leur place, un immeuble résidentiel aux allures futuristes domine l’espace. Une végétation  dense et colorée se mêle à la pierre sur des balcons disposés en grandes terrasses. Au loin, on distingue les reflets du fleuve.

Rayan descend, abasourdi, de la voiture. Il contemple l’immeuble et ses alentours, puis il se dirige vers une des entrées. Le nom de Joshua écrit sur une des sonnettes le stupéfie.  Hébété, il appuie machinalement sur le bouton. Une voix émise de l’interphone lui répond : 

« Ah te voilà, enfin ! Monte vite, la fête a commencé ! »

L’ouverture électrique libère la porte. Encore étourdi par la surprise, Rayan monte au troisième étage.

Joshua surgit de son appartement.

« Il ne manquait plus que toi, mon ami ! »

Rayan reconnaît à peine Joshua. Et pour cause, la dernière fois qu’ils se sont vus, ils étaient à la maternelle. À l’intérieur résonne une musique forte et rythmée.

« Nous sommes enfin au complet ! dit Joshua à tous ses invités. Trinquons à mon anniversaire !

– Bon anniversaire Joshua ! »

Dans la poche de son pantalon, le téléphone de Rayan vibre. Il s’en saisit et lit le message qu’il vient de recevoir :

La réunion a commencé. Dépêche-toi, nous avons besoin du dossier !

Rayan est perdu, son regard est vide. Les éclats d’une lumière étrange le sortent de sa torpeur. Il regarde le sol ; le caillou aux mille reflets vient de tomber sur la moquette.

Dans le préfabriqué qui sert de bureau, le chef de chantier est assis au bout de la table. De chaque côté, se tiennent les représentants des différents corps de métiers. Debout, devant un tableau, l’architecte commente différents plans.

Dans une grande agitation, Rayan entre dans la pièce. Il ne salue personne et s’assoit sur la première chaise vide qu’il aperçoit en prenant le journal qui y est posé. Il l’ouvre et devient livide.

– Eh bien, ça ne va pas ? lui demande le chef de chantier.

À l’intérieur du journal, on ne peut manquer l’encart publicitaire. Il est éclatant. On voit, en gros plan, le visage rayonnant de Rayan. Il vante les bienfaits d’un voyage dans le temps qu’il propose à des clients intrépides :
« Grâce à la pierre lumineuse, changez d’époque et d’endroit, parcourez l’Histoire, visitez la période de votre choix, vous n’en reviendrez pas ! » annonce-t-il.

La file d’attente est longue et le tableau de réservation aussi rempli que le compte en banque de Rayan. Pour ça, Rayan a bien retrouvé son espace-temps !

FIN