La trêve de Noël

J’ai décidé de ranger au fond du tiroir les combats du quotidien et de me préparer pour les fêtes de fin d’année. En toute simplicité. Et parce que ça fait du bien.

Retrouver la famille autour d’une jolie table, faire crépiter le feu dans la cheminée, en fin de réveillon, après le passage du Père Noël, sans trop culpabiliser pour les particules qu’elle dégagera mais en restant dans la sobriété énergétique. Paradoxe, quand tu nous tiens !

Garder un œil sur le circuit court des cadeaux, entretenir les petits commerçants du quartier en y faisant mes achats, surveiller les nutri-scores, les éco-scores et tous les autres sobriquets qui nous donnent bonne conscience.

Revenir aux sources d’une soirée de jeu de société. Et pourquoi pas ressortir le bon vieux jeu de dames, les petits-chevaux, le Mille-bornes et le Monopoly ! Curieuse de connaître toutes les déclinaisons faites du célèbre jeu, je me suis mise en tête de mieux en identifier son origine.

Me voilà embarquée dans l’histoire originelle de ce jeu de plateau basé sur le principe très contemporain d’enrichir les très riches en dépouillant les plus démunis. La carte chance est désormais le loto, les grands gagnants sont l’eau, l’électricité et le ferroviaire. Seule anomalie, la case parking gratuit… histoire de se rappeler qu’on est dans un jeu et non dans la réalité.

Trente ans après une popularité du genre bouche-à-oreille, le jeu est proposé à un éditeur par un certain Charles Darrow et ses ventes dépassent désormais les 275 millions d’exemplaires. Autant dire que lui et son éditeur se sont largement enrichis sur nos parties interminables de Monopoly.

La créatrice du jeu, Elisabeth Magie, aurait reçu 500 dollars, soit environ 8000 euros de nos jours. Bien qu’elle eut protégé son jeu dès 1904 en déposant un brevet, elle ne se doutait pas qu’il puisse emporter un tel succès. La règle mise au point à l’époque visait à critiquer le principe des rentes immobilières et à dénoncer le capitalisme.

Sténographe, actrice et autrice de contes, Elisabeth Magie était féministe et militante. Elle estimait que la terre devait appartenir à chaque être humain. Décédée en 1948, elle n’a pas su que ses descendants ont gagné leur procès en 1976, la faisant reconnaitre comme unique créatrice du « jeu du propriétaire foncier », comme elle l’avait nommé en le brevetant.

Je reprends mes bonnes intentions. J’ai décidé de ranger au fond du tiroir les combats du quotidien et de me préparer pour les fêtes de fin d’année. En tout simplicité. Et parce que ça fait du bien.

Faites du mois de décembre, un mois pas trop extraordinaire. Explorez pendant ces fêtes les petites histoires de vos proches et de vos amis. Dégustez les chocolats et appréciez les papiers cadeaux.

Bons réveillons chaleureux et joyeux !

 

Paula Serrajent