La cloche de l’église de Croignon ©Gilbert Perrez

Qu’il est agréable aux oreilles d’entendre le tintement d’une cloche, sa chanson d’airain, ses notes allègres et joyeuses qui s’échappent d’un campanile, d’un simple clocheton ou d’un mur clocher.

Un écho séculaire

Cet instrument sonore généralement en bronze (cuivre et étain) en forme de vase renversé au milieu duquel est suspendu un battant terminé par une boule (chasse) est connu depuis la plus haute Antiquité. Mais ce n’est qu’à partir du XIème siècle qu’il servit d’appel pour les fidèles et aussi d’alarme en cas d’invasion ou d’incendie. Sa fabrication exige un savoir-faire précis. Une fois la choche sortie du moule, un accordeur meulait, plus ou moins, en fonction de son oreille l’intérieur de la paroi (la panse) afin d’obtenir au plus près les cinq harmoniques du bourdon à la quinte. De nos jours l’accordeur est aidé par un logiciel.

Ambiance sonore divine

Les cloches de nos collines ont la même forme mais une tonalité différente suivant la taille, la composition acier fondu ou et le rapport cuivre/étain. Elles se livrent, par sonneries interposées, à des concerts mélodieux. Certaines d’entre elles, qu’elles tintent, carillonnent ou sonnent à la volée, ont une histoire spécifique. La loi a réservé l’usage de la cloche à l’autorité ecclésiastique ce qui n’a pas empêché des conflits entre église et municipalité, d’où les fameuses querelles de clochers*. Dorénavant, tendez l’oreille et goûtez l’harmonie des sonneries campanaires qui jouent une partition divine. Quand la lumière crépusculaire faiblit, écoutez la cloche de l’Angélus qui se propage au fin fond de nos collines.

Les cloches de nos collines

La cloche de 1636, du pignon mur de l’église Saint Vincent à Croignon nous permet de voir la roue de volée. Cette roue reliée au joug de bois permet de faire balancer manuellement la cloche en tirant, du bas du clocher, sur une corde pour mettre en branle la volée franc ou la volée retro lancé. Celle de l’église Saint-Martin de Montussan a été fondue en 1876 par Antonin Vauthier de Saint-Emilion. Mais dans tous les manuels elle est notée de 1741. Aussi en 1942, avant que les Allemands ne s’en emparent pour la fondre, les Montussanais, avec la complaisance des Monuments Historiques, vont bien la classer avant 1741. Un mensonge qui sonne bien et qui a permis de la sauver. Celle de l’église Saint-Marcel de Beychac a été fondue en 1762 par le « fabriqueur » Victor Monteil et accordée par le sieur Turmeau. Les prénoms de la marraine et du parrain sont inscrits dans le baudrier et un filet ou liseret. Les effigies en bas-relief du Christ et de Saint Marcel ornent le fût de la cloche. À Saint-Caprais de Bordeaux une des cloches du clocher-mur de l’église provient du prieuré bénédictin de Madirac détruit en 1823. De ce fait la commune de Madirac ne possède plus d’église. La majorité des églises ne comportent qu’une seule cloche mais le clocher d’Izon nous en offre trois. Celle de 750 kg fut fondue en 1844 avec des restes d’airain de l’ancienne cloche fêlée, les deux autres de 450 kg à elles deux, ont été fondues de 1880 à 1881.

Gilbert Perrez

*Querelle de clocher entre le maire de Cursan et le curé en 1911
(Cf. : Echo des collines Janvier 2021)

Clocher de Saint Caprais de Bordeaux ©Gilbert Perrez