TOUT LE BLEU DU CIEL, de Mélissa Da Costa (Éditions Le Livre de Poche)

Emile a 26 ans quand on lui diagnostique un Alzheimer précoce, tout va aller très vite pour lui, trop vite. Alors; pour fuir l’hôpital et la famille en pleurs, il passe une annonce à la recherche d’un camarade pour l’accompagner sur les routes dans son camping car.

C’est Joanne qui répond, avec son chapeau noir, si taciturne, si indifférente à la vie. Peu à peu ils vont rire et pleurer ensemble, se raconter, s’apprivoiser. On les suit dans la traversée des Pyrénées et leurs rencontres insolites. Ils marchent pour mieux s’arracher à la maladie et mettre la fin inéluctable à distance. Malgré les souvenirs douloureux, les pertes de mémoire de plus en plus présentes, on respire devant une amitié et peut être plus qui prend forme. Ce livre surprenant, plein de sérénité et de sensibilité est un hymne à la vie. 

Maïté Lavie

MAMIE LUGER, de Benoit Philippon (Éditions Le Livre de Poche)

Avec un titre pareil, on imagine une mamie qui a un flingue et sait s’en servir. Et c’est bien le cas. Voilà un roman pour passer un bon moment dans cette période un peu tristounette. Elle a 102 ans et se retrouve en garde en vue après avoir accueilli les flics qui venaient la chercher à coups de fusil. Et c’est l’inspecteur Ventura (ça ne s’invente pas…) qui est chargé de la faire parler. Avec des dialogues dignes d’un San Antonio ou d’un film d’Audiard, nous partageons la vie de Berthe qu’elle raconte sans rien cacher, elle n’a plus rien à perdre à son âge. Ventura (Lino comme elle l’appelle) s’est pris d’affection pour elle malgré les horreurs qu’elle lui raconte, et elle le lui rend bien. Née en 1914, veuve mais indépendante très jeune, elle commence sa carrière de Mamie Luger pendant la deuxième guerre mondiale après sa rencontre non désirée avec un officier SS. Il l’avait bien cherché. Après, sa vie est faire de rencontres, pas souvent heureuses, de mariages ratés. 

Des dialogues hilarants mais au bout du compte un roman émouvant et captivant.

Didier Lavie