L’HOMME DE CÉSARÉE, de Françoise Chandernagor (Albin Michel)

C’est le troisième roman consacré à  Cléopâtre-Séléné, la fille de Cléopâtre et de Marc Antoine. On retrouve ici, l’unique descendante du couple fabuleux qui, ayant vu  mourir ses frères sur ordre d’Octave, avait survécu grâce à l’aide d’Octavie la sœur du futur empereur de Rome. Dans ce tome III, Octave  la marie à Juba II, un roi barbare qui règne sur la Maurétanie (notre Maghreb actuel). Pour l’assassin de ses parents, elle est un pion dans sa politique comme le sont, sa propre fille et tous ses neveux et nièces qu’il marie et démarie selon ses intérêts. Mais dans son lointain royaume Séléné va trouver le bonheur et la joie de régner, près de ce mari beau et  très cultivé. Cela pourrait  virer au roman sentimental si les traumatismes que Séléné a subis en tant que prisonnière des Romains, ne resurgissaient parfois brutalement  et si ses voyages à Rome ne lui révélaient  la tyrannie d’Octave sur sa famille et ses alliés. Un événement malheureux la touchera en tant que mère. Pourra-t-elle s’en remettre ? On attend la suite de ce livre à la fois très documenté et très inventif.
Danièle Heyd

 

LE PAYS DES AUTRES, de Leïla Slimani (Gallimard)

C’est l’histoire d’un couple improbable qui s’affronte mais aussi se soutient comme deux exilés en milieu étranger. À la libération, Mathilde une solide Alsacienne, épouse Amine Belhaj, un beau marocain combattant de l’armée française et part avec lui vivre à Meknès au Maroc. Amine s’acharne à faire fructifier la terre ingrate dont il est l’héritier et  son caractère s’endurcit. Mathilde, elle, subit cette pauvreté en essayant d’embellir la vie de ses enfants. Mais en butte aux mœurs patriarcales et au mépris des colons, Mathilde a du mal à trouver sa place. Amine qui avait voulu vivre à l’écart du monde, assiste à la montée des violences contre les colons pour obtenir l’indépendance du Maroc. Lui aussi  se sent étranger mais ici dans son propre pays. Tous deux sont observés par Aïcha, leur fille, enfant sensible et intelligente, en marge  du monde des adultes. C’est ce sentiment d’exclusion fait de tensions et de tendresse mal exprimée qui anime les personnages de ce beau roman.
Danièle Heyd