L’ÉTÉ DIABOLIK
de Thierry Smolderen et Alexandre Clerisse
(Éditions Dargaud)

Cette BD aux couleurs psychédéliques des années 60 et à la mise en page éclatée, cache une troublante histoire dont le narrateur, Antoine Lafarge, est un fan de la revue Diabolik. Le masque effrayant de ce personnage de BD des années 60, illustre à lui tout seul cette sombre histoire de famille où le narrateur ne sait plus qui est qui. Tout commence en 1967 par la victoire au tennis du jeune Antoine sur son adversaire Erik, victoire à laquelle assiste imperturbable son père, soudain agressé par le père d’Erik. Le soir même ce dernier poursuit en voiture Antoine et son père, cherchant à les tuer. À la surprise du jeune garçon, son père réagit au volant comme l’espion James Bond. Ces deux faits bouleversent la vie tranquille de l’adolescent. Pourquoi cette haine envers son père ? Qui est ce père, simple industriel, qu’invite M. de Noé, agent du contre-espionnage français ? L’intrigue semble partir dans plusieurs directions comme si chacune servait de masque à l’image réelle du père d’Antoine. Outre l’enquête du narrateur sur son père, la BD décrit la méthode utilisée par les espions pour se rendre invisibles dans la société infiltrée… quitte à broyer les innocents leur servant de couverture. Passionnant.

Danièle Heyd

LES SENTIERS OBSCURS DE KARACHI,
d’Olivier Truc (Éditions Points)

En 2002 à Karachi un attentat à la bombe a tué 14 personnes dont 11 techniciens français, et blessé grièvement 20 autres personnes. Les français étaient des employés de la Direction des Constructions Navales de Cherbourg (DCN) qui supervisaient la construction de sous-marins commandés à la France par le Pakistan. Une longue enquête avait mis en cause le versement de commissions et rétro commissions durant la campagne électorale d’Edouard Balladur en 1995. Une piste islamique avait également été évoquée. L’auteur s’est lui même rendu à Karachi pour écrire ce roman qui évoque de nombreux faits réels à travers des personnages fictifs.

C’est un jeune journaliste de Cherbourg qui, peu satisfait des enquêtes réalisées dans les 2 pays, se rend à Karachi pour tenter d’obtenir des explications plus précises à ce drame. À travers des personnages attachants, tant à Cherbourg qu’à Karachi, le lecteur est confronté aux mensonges et manipulations des 2 côtés mais aussi aux différences culturelles, religieuses et économiques entre 2 pays si différents.

Didier Lavie