©Dance Focus Lab 

On danse encore à Artigues-près-Bordeaux. Jeudi 13 janvier, au Cuvier de Feydeau, s’est déroulée la sortie de résidence de la compagnie Sorhâb Chitan. Une étape préparatoire importante dans leur travail avant la Première qui aura lieu le 07 avril 2022, au théâtre Alexandre Dumas, à Saint-Germain-en-Laye.

Un poème en mouvement, dense et envoûtant

Pour une nouvelle fois dans la région, le chorégraphe-danseur Sohrâb Chitan a présenté en sortie de résidence, sa dernière création « Une fin de journée » pour trois danseurs: Clara Bessard, Raphaëlle Gault, lui-même et un violoncelliste Raphaël Stefanica. De formation classique, et contemporaine à l’école de danse de Maurice Béjart à Lausanne, le chorégraphe veut « sortir la danse de sa bulle ». Après Voyages I II III (2015), Dhikr (2017) puis Odysée (2019) Sohrâb Chitan revient avec cette nouvelle création, inspirée librement du poème    « La Fin de Journée » de Charles Baudelaire. Pour le chorégraphe « La danse est un langage pour raconter des histoires. On peut mélanger scénographie, musique et mouvements pour transporter le public par la beauté ou la tristesse d’une histoire. »

 

10 ans : ça se fête

Pour rompre avec 2020 et célébrer enfin ce dixième anniversaire, une belle rétrospective a rappelé les étapes de la construction de cet événement et les invités de tous horizons venus échanger avec le public. Le temps passant, on perd le fil d’une histoire, mais là, les faits marquants ont repris toute leur vigueur. Une exposition photographique et vidéo a souligné les étapes de cet événement littéraire unique, ravivant de beaux moments d’émotion, de bonne humeur ou des souvenirs du passé.

Court, danse et se tord sans raison
La Vie, imprudente et criarde.  

Dans une atmosphère brumeuse les interprètes entrent progressivement. Le violoncelliste, de dos perce l’espace sonore de sons de bois gratté, tapé, les cordes grincent comme des cris. Puis une silhouette sombre s’avance dans le silence et accueille lentement le mouvement. Enfin, le danseur la rejoint lui aussi en complet noir. Enveloppé dans une catmosphère onirique le public est entrainé dans un univers d’échanges troubles de plus en plus fiévreux. Les corps s’animent, s’attirent, se repoussent, fusionnent révélant une intériorité de plus en plus exprimée. Comme chez Baudelaire, il est question de libération. Mobilité et souplesse s’opposent à la puissance affirmée. La fluidité de l’une contraste mais aussi épouse la force de l’autre. Une dynamique  sensuelle spirale l’espace, absorbe… Cette quête virtuose est sublimée par la Suite pour violoncelle de Gaspar Cassado et la composition originale de François Pincedé interprétées sur scène par Rapphael Staphanica.

À l’instar du poème de Baudelaire, Sohrâb Chitan propose une traversée dansée régénaratrice. Energie, trouble, rencontres sensuelles, subliment les émotions pour un renouveau de l’être. « la scène c’est aussi un endroit où on montre qui l’on veut, ce qu’on a envie d’être et les gens projettent ce qu’ils veulent. »

Sylvie Barrué & Yohan Ferré 


 
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