Les partenaires du projet de recherche « Sols contraints, Bien(s) commun(es) » lors de la signature de la charte d’engagement partenarial. ©Bordeaux Métropole

Avec son projet de recherche, « Sols contraints, Bien(s) commun(s) », le GPV(1) et ses partenaires entendent réutiliser des terres pour en faire un nouveau matériau de construction. Par ailleurs, le GPV œuvre auprès des acteurs du bâtiment pour mettre en place une filière de réemploi.

Un projet de recherche ambitieux, impliquant de nombreux partenaires. Lancé à la suite d’un appel à manifestation d’intérêt (AMI) au printemps 2022 et financé entre autres par le Fonds Vert Ingénierie, le projet de recherche « Sols contraints, Bien(s) commun(s) »  va démarrer au cours du premier trimestre 2025.

Ce projet consiste à dépolluer un futur site de construction de logements sociaux (avec Domofrance en maître d’œuvre), quai Carriet, à Lormont, par la phytoremédiation, soit l’utilisation des plantes pour décontaminer les sols.

« Nous allons tester la dépollution des terres de ce site, en laboratoire dans un premier temps, puis sur place si les tests sont concluants. Si c’est bien le cas, des plantations devraient être faites fin 2025-début 2026 », détaille Romain Viault, chef de projet urbain au GPV.

Des briques de terre crue

La seconde phase de ce projet de recherche consiste à récupérer les terres excavées sur le chantier de la trémie de la Benauge, entre Floirac et Bordeaux, pour en faire des briques de construction.

« Nous allons récupérer environ 20 000 tonnes d’argile sur ce chantier pour en faire des briques extrudées de terre crue, selon deux techniques. La première consiste à mélanger ces terres avec celles de Terres & Céramiques de Gascogne (fabricants de briques crues, NDLR) en y ajoutant de la poussière de chanvre pour consolider l’argile et éviter la fissuration ; la seconde dite « terre allégée » consiste à mélanger manuellement l’argile très liquide avec un isolant biosourcé (comme la paille) et à les projeter directement dans un mur. Cette seconde technique est un peu plus délicate car elle implique un certain nombre d’essais pour tester la résistance, éviter le développement des moisissures, etc. », précise Alvaro Cabezali Mera, chef de projet services innovants de la maîtrise d’œuvre chez Nobatek INEF4 (centre technique pour la transition environnementale).

L’objectif de cette recherche autour des briques de terre crue est de pouvoir à terme construire les futurs logements sociaux de Domofrance, quai Carriet, avec ces fameuses briques issues du recyclage de terres excavées. Sachant qu’elles « ne serviront pas pour des murs porteurs mais pour du remplissage : cloisons, parements… », souligne l’architecte Mikhalis Montarnier, de l’agence Keno Architectes, basée à Cenon.

Les briques de terre crue serviront pour du remplissage : cloisons, parements… 

Ce dernier coordonne, avec son frère Téodossis, les différents partenaires de ce projet. Il rappelle que « la terre crue n’est pas un mode de construction particulièrement technique mais il nécessite un modèle économique. On doit être capable de produire à l’échelle industrielle, avec une qualité constante, et pour cela, il faut des gisements de terres homogènes. Enfin, la terre crue n’a pas besoin d’être chauffée à haute température, ce qui allège grandement le bilan carbone du bâtiment ».

Une filière du réemploi

Enfin, toujours dans le cadre de ce projet de recherche, la Fabrique de Bordeaux Métropole (FAB) veillera à la qualité des logements construits par Domofrance.

« Sur nos zones d’aménagement, nous imposons 5 % de matériaux en réemploi sur tout projet de construction et nous contribuons [avec le GPV, NDLR] à l’émergence d’une filière du réemploi dans le bâtiment, en mettant en relation déconstructeurs, aménageurs et artisans et avec la mise en place de la Base du réemploi, à Mérignac », explique Maëlle Uguen, directrice du programme Entreprendre.

Et Oriane Hommet, cheffe de projet économie circulaire au GPV, d’abonder : « Les acteurs du bâtiment doivent monter en compétences sur cette question du réemploi, aussi nous mettons en place des ateliers techniques, des enquêtes en lien avec la Chambre des métiers (CMA) et notre bureau d’études qualifie l’ensemble des matériaux présents sur les sites de déconstruction (dans le cadre du renouvellement urbain) afin de les réemployer. »

Nous imposons 5 % de matériaux en réemploi sur tout projet de construction.

Courant 2025, l’EPA Euratlantique et Domofrance devraient eux aussi imposer 5 % de réemploi sur leurs opérations, dixit la cheffe de projet. Et le GPV a pour projet de participer à l’émergence d’une Base du réemploi sur la Rive droite. Le secteur du bâtiment se doit de valoriser et recycler ses déchets.

Coraline Bertrand
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(1) Grand Projet des Villes Rive droite

Le circuit de recyclage des terres excavées. ©Agence Keno Architectes

Les terres excavées du chantier de la trémie de la Benauge vont servir à produire un nouveau matériau de construction. ©Agence Keno Architectes