Photos ©Les Moucheurs des Coteaux Bordelais

Une nouvelle association à Tresses pour la pêche à la mouche dans le respect et la préservation de tous les milieux aquatiques et de l’environnement.

Dans les propos de Dominique Benoit, responsable de l’association, nous ressentons sa passion, son éthique et sa connaissance des lieux de pêche et des poissons. « Pour pêcher à la mouche, il est important de rejoindre une association car cette activité est très technique ». La connaissance de l’environnement est primordiale. L’observation des invertébrés tapis sous les cailloux permet de savoir quels sont ceux qui vont éclore. Quand la larve arrive à maturité, elle remonte à la surface, sort de son enveloppe, reste un peu sur l’eau pour se sécher. C’est là que généralement elle est gobée par les poissons ou elle s’envole pour s’accoupler, redescend dans l’eau et meurt. « Des éclosions, il y en a toute l’année avec des insectes différents, la connaissance du milieu est essentielle pour adapter la mouche à l’éclosion du moment. Observer l’environnement, c’est repérer les bergeronnettes ou les martinets voler au dessus de l’eau, on sait qu’il va y avoir une éclosion. » Et puis il y a la lecture de l’eau, du courant, et du contre-courant. « Si on voit un gobage, il faut présenter et poser la mouche correctement sur l’eau pour que le poisson morde. La mouche doit passer au dessus du poisson sans que celui-ci voit le fil de pêche. Et enfin il faut apprendre à repérer le poisson, comprendre son comportement et ses postes de chasse.»

Mouches fabriquées par l’association

Le « no kill » est la règle
L’hameçon n’a pas d’ardillon, il est lisse pour que le poisson ne soit pas blessé quand il gobe la mouche. La remise à l’eau du poisson est particulière. « Il faut le réoxigèner car il y a eu un combat, il est fatigué et si on le relâche comme ça, il meurt. Alors on le tient dans la main, on le fait aller et venir dans le courant pour que l’eau pénètre dans les branchies, on le soutient et c’est lui qui part tout seul. C’est parfois un peu long, j’ai pris une grosse truite sur la Touvre j’ai mis 20 mn à la pêcher et presque 1/2 h à la faire repartir. Quand je suis dans l’eau, je débranche ma tête. J’ai vu un poisson pendant 4 h, je ne l’ai pas pris mais ce n’est pas grave. »

Les rivières se dégradent
Attaquées par la pollution agricole, par les lâchers des barrages qui colmatent tous les fonds avec leurs boues, toutes les faunes présentes sous les cailloux meurent. « Il y a moins d’insectes, moins d’éclosion dans les rivières. » Le programme vigie rivière sensibilise à une approche écoresponsable des milieux aquatiques. Dans une gestion patrimoniale, les fédérations de pêche captent des géniteurs dans une rivière, font une fécondation à l’extérieur et alevinent les petits cours d’eau autour du même milieu autochtone. « Et puis il y a tous les petits gestes chers aux pécheurs : récupérer le fil car si un canard le mange il est mort ; laver son épuisette et ses chaussures de marche pour ne pas transporter des algues ou des plantes envahissantes, etc. »

Pour aller plus loin, le site Les moucheurs des coteaux bordelais est ouvert à tous : http://club.quomodo.com/les-moucheurs-de-coteaux-bordelais

Maïté Lavie