La borne du Semoctom installée dans les villages suburbains. ©DR
Depuis janvier 2024, sur la Rive droite, apparaissent des bornes à déchets alimentaires. C’est le début de la valorisation de ces biodéchets qui se poursuivra les années suivantes partout.
Cette opération est une étape de plus de la loi anti-gaspillage pour l’économie circulaire, parue en 2020. Après le papier et le verre que l’on recycle, ce sont les déchets verts que l’on composte. Il s’agit maintenant de trier et valoriser les déchets alimentaires. Ces derniers occupent 1/3 du contenu de la boîte à ordures. Au lieu du gaz à effet de serre produit par leur incinération, on va créer à partir d’eux du biogaz (méthane) et de l’engrais pour les cultures. Le but de toute cette action est, d’ici à 2030, de diminuer de 100 kg par habitants les ordures brûlées en incinérateur.
UNE MISE EN ROUTE PAR COMMUNE
Sur la Rive droite, l’action de la déchetterie Semoctom, commencée en 2023, est en train de s’étendre, en ce moment, à la Communauté de communes des Coteaux Bordelais. Pour l’instant, la Métropole s’occupe d’agir dans l’espace intra-rocade et s’intéressera à Floirac dans l’année à venir.
Dans chaque petit village suburbain, des messagers de la Semoctom, annoncés par la mairie, donnent à chaque famille la démarche à suivre. Une fois triés, les déchets alimentaires doivent être mis dans une poche en papier kraft posée à l’intérieur d’un petit seau vert étanche : le bioseau. Ce dernier, une fois plein, est vidé dans une borne à déchets alimentaires, placée dans un lieu proche de plusieurs groupes de maisons. Le Semoctom livre le seau et les poches pour l’année.
RETOUR D’EXPÉRIENCE D’USAGERS
Certains habitants n’ayant pas entendu parler de cette action s’aperçoivent tout d’un coup que les bornes sont là et s’interrogent sur leur usage tandis que d’autres attendent la venue des messagers du Semoctom. Une majorité pourtant, déjà dans l’action, adhère à la démarche mais… un certain nombre refuse de s’y impliquer : « Je ne le fais pas. Je trouve cela trop contraignant. C’est une poubelle en plus des 3 autres. » ; « Ce qui me gêne c’est la distance entre mon domicile et le conteneur ».
Leurs arguments ? La présence d’un composteur, d’un poulailler dans leur jardin ou tout simplement le manque de motivation. « Je n’ai toujours pas compris comment c’était revalorisé (sic). Quand on ne comprend pas à quoi ça sert, on n’a pas envie de le faire. »
Quelques-uns ont abandonné en route car leurs déchets étant peu importants, le contenu du bioseau traînait « et très rapidement cela sentait mauvais. Une fois, je me suis rendue au conteneur avec une poche remplie de coquilles de moules et de peaux de melon. Cela empestait, il y avait des mouches autour, il était plein ! »
Heureusement, il y a l’usager idéal qui trie ses déchets
dès l’assiette
Pour certains, ce problème d’odeurs vient des poches. « Très rapidement ça coule à travers. J’ai trouvé la solution, je mets la poche kraft dans une poche en plastique dans le frigo… »
Heureusement, il y a l’usager idéal qui trie ses déchets dès l’assiette, met dans le bioseau ses restes de repas, en prenant bien soin que la poche soit bien pliée à l’intérieur pour que ce dernier reste étanche. Il accepte aussi la contrainte de les porter à la borne même un peu éloignée de chez lui. Il balaye les réticences des autres usagers d’un revers de main : « Le jour où les poubelles ne passeront plus devant la porte, ils seront obligés de le faire car on ne peut garder trop longtemps ces déchets. »
Or c’est ce qui se prépare en 2025 par l’arrêt du ramassage du verre, comme à Tresses par exemple, au profit de points d’apports collectifs. Espérons que cela ne se terminera pas par la fin de la collecte des ordures de porte en porte comme cela a été décidé en Haute Gironde. Là, des habitants de plusieurs communes ont créé un collectif, Touche pas à mes poubelles, pour s’opposer à cette décision de leur déchetterie Smicval. Valoriser les déchets, oui, mais pas aux dépens du service public.
Danièle Heyd
Le bioseau et sa poche en papier kraft. ©DH