« Mini théâtre à grand spectacle » ©FR

Dans un lieu improbable entre rocade, restaurant américain et squat bulgare, une communauté d’artistes vit, accueille et invente.

 

Vous reprendrez bien un peu de convivialité ?
Ce sont 9 colocataires – dont 2 bébés – dans 3 maisons mitoyennes sous la digue du bas-Floirac qui retient les eaux de la Garonne en cas de débordement. Ils mutualisent leur habitat, leur travail, leurs ressources et leurs économies pour un projet commun… Étonnant n’est-ce pas ?
Ainsi va TeDua, association généreuse et créative, née en 2017 de la rencontre d’un enseignant de clown-théâtre et auteur : Jonathan Dupui, alias Zora Zoraï et de Anne Lucie Dumay, anthropologue. Une école de théâtre naissait autour de la « Discipline du Jeu ». Tout un groupe enthousiaste a suivi. « Pour créer, il faut partager tout », pensent-ils.  Alors on vit ensemble, on crée et on travaille ensemble, dans la production numérique, les bijoux, le soin, les costumes de théâtre, l’activité corporelle. Autant d’activités économiques administrées par le collectif.

 

©Association Tedua

Un projet sociétal en cours d’écriture
En même temps s’écrit par le groupe une mythologie, un phare flottant à rêver (celui de l’île de Patiras ?), dont la lumière guiderait les imaginations. Un phare, ou juste un château pour vivre ensemble et accueillir l’autre… « Chez nous, détaille Jonathan, dans la Cité de la Digue – point de départ logique pour la traversée d’un phare – , le Château de notre projection est d’offrir une terre d’accueil, de retraite, de distraction, d’élaboration de projets locaux, de création artistique ou numérique, d’une possibilité certaine de pouvoir vivre ce que nous vivons déjà : l’Ensemble. »

 

Zoro Zoraï Le clown ©Association Tedua

La vie de château et le garage magique
Pour cette belle histoire et ce grand projet, il faut un lieu vaste et multiple, TeDua pense donc et cherche sa maison, son château, grand pour pouvoir accueillir l’autre. « Mais notre château, c’est déjà ici », assure Habib avec son sourire radieux et confiant. Et c’est bien vrai qu’il n’y a pas meilleur lieu pour être bien accueilli. Temps difficiles pour le spectacle on le sait – quand pourrons-nous revoir en salle le « clown et la fée » ? – mais le théâtre continue malgré tout. « Sans l’accueil de l’autre il n’y a pas d’art », précise Jonathan. Alors on accueille, en tout petits groupes et en plusieurs fois, au Théâtre du Garage. La scène est grande comme est petit un garage mais elle s’illumine régulièrement de la magie du théâtre pour le public des happy few venu applaudir les clowns et croire avec eux au rêve.  

Françoise Rouquié