L’Ermitage Sainte Catherine ©Les amis du vieux Lormont

Voici un élément du patrimoine dont tous les Lormontais ont entendu parler. Mais, pour paraphraser une chanson célèbre, que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître.

 

En effet le site n’est plus accessible au public, pour des raisons de sécurité, depuis des années. On peut le deviner, depuis le quai, masqué par les maisons et les arbres. De l’établissement religieux confortable il ne reste aujourd’hui que la chapelle troglodyte. Depuis, la roche s’est encore considérablement dégradée, effaçant irrémédiablement des siècles d’histoire.

Le parc dit « de l’ermitage »

Ce parc ne doit pas directement son nom à l’établissement religieux lui-même, mais au château que M. Bermond fit construire à la fin du XIXe sur les anciennes terres de l’ermitage, propriété des Carmes. Le château a depuis disparu avec deux autres dans les fours de la cimenterie Poliet et Chausson. Lorsque vous marchez au bord du lac, vous êtes à 50 mètres en dessous de son souvenir. L’état actuel de la chapelle, qui affiche un caractère troglodytique plutôt primitif, rappelle, dans son dénuement, la grotte qui abrita le premier ermite, dès le haut Moyen-Âge. Remarquons, au passage que, pour un ermitage, sa situation avec vue imprenable sur le fleuve et le port de Lormont, ne présente pas vraiment le caractère sauvage et isolé que recherchaient habituellement les ermites. La plus ancienne représentation connue est due au dessinateur Van der Hem qui l’a représenté en 1646. Elle met parfaitement en scène le caractère accessible du lieu. Et c’est bien cette position qui va lui valoir la notoriété qui nous amène à en parler aujourd’hui.

Une situation privilégiée en bord de rivière

Au début de notre histoire, il y a la Garonne, qui porte les vaisseaux et leurs marins en partance vers le large. Après avoir quitté Bordeaux les cales pleines (de vin, souvent), ils marquent une courte escale à Lormont pour faire eau, suivant la formule consacrée. En mer, les équipages boivent surtout du vin léger considéré comme nutritif et plus sain que l’eau. Mais ils ont besoin, malgré tout, d’eau à bord. Où remplir les tonneaux ? Ils évitent depuis longtemps de puiser l’eau des rares fontaines ou puits autour du port de la Lune. Chacun sait, bien avant les découvertes de Louis Pasteur, qu’elle est polluée par les diverses déjections jetées dans les rues. Les navires quittent donc le port de la Lune sans eau. Le point le plus facile et le plus proche pour remplir les tonneaux, c’est le port de Lormont. Grâce à sa situation au débouché de la nappe phréatique qui circule dans le calcaire de l’Entre-deux-Mers, il offrait plusieurs sources au pied de la falaise. Elles sont toutes d’une qualité bactériologique parfaite qui lui permet de supporter de longs voyages en restant consommable. La plus accessible est celle de l’ermitage Sainte Catherine, située en bord de rivière, accessible aux barques de service. C’est ainsi qu’est née, dans un cadre utilitaire, une relation privilégiée entre les marins et mariniers, et les ermites. Dans les prochains numéros nous vous raconterons le rôle de notre ermitage dans le pèlerinage de Montuzet.

Igor Brétislav Pavlata

 

L’Ermitage Sainte Catherine ©Les amis du vieux Lormont