Perrine dans le feu du jeu théâtral. ©Studio Tonelli
Depuis 2017, le Château du Prince noir héberge, pour la région Nouvelle-Aquitaine, le campus bordelais de cette école privée de théâtre et de cinéma.
Une installation favorisée
« Il fallait pour notre école de théâtre un lieu ouvert, vaste et où il soit possible d’être bruyant », explique Julien Delbes, le nouveau directeur du cours Florent Bordeaux. Un lieu spectaculaire, chargé d’histoire, un architecte, Norbert Fradin, qui cède le lieu, la municipalité de Lormont très enthousiaste pour accueillir cette installation : l’affaire s’est faite très vite. Après Paris, Bruxelles, Montpellier, le label prestigieux s’est affiché bien en vue au débouché du Pont d’Aquitaine, sur la rive droite. « Les jeunes ont du mal à aller à Paris, la décentralisation culturelle mise en place sous Jack Lang se réalise, il faut recréer du lien avec les territoires », précise Julien Delbes.
Il faut recréer du lien avec les territoires
« Reste et crée ici », mais hors les murs !
Le château n’est pas une tour d’ivoire, pas question d’y rester isolé. Les élèves se produisent dans divers lieux de Lormont : au théâtre du Fleuve, au Bois Fleuri pour le printemps des poètes, salle Albert-Camus pour les 20 ans du Conseil des Sages. Également à Bacalan au Cerisier et au Pont Tournant. « En effet, confirme Stéphane Alvarez, directeur du théâtre : le Pont Tournant reçoit les stages tout au long de la saison, il est aussi la scène où les 3e année présentent, depuis trois ans, leur travail de fin de formation ».
Une formation diversifiée
Au Cours Florent, on est admis en 1re année à partir de 17 ans après un stage d’une année. Une audition évalue surtout les promesses du candidat et sa capacité à être en groupe. Il n’y a pas d’âge limite, mais c’est bien sûr plus difficile après 35 ans où on a besoin de plus d’accompagnement. Ensuite, l’école aide en orientant les demandes de casting qu’elle reçoit.
Il y a des cours de théâtre, de cinéma, de comédie musicale… Certains sont donnés aussi en soirée, entre 19h30 et 22h30 pour les étudiants ou les élèves qui travaillent par ailleurs. Car l’école est privée, la formation a un coût. « Avec les options, ça monte à 6000 euros par an » estime un jeune Mérignacais qui doit financer seul sa formation et travaille dans la journée et l’été. « Avec les trajets, c’est fatigant » dit-il, mais il en veut ! « On se plaît ici parce que c’est assez familial, dit Ludivine, qui s’enthousiasme pour sa formation en cinéma. Il y a moins de compétition qu’à Paris ». Le conservatoire ? « Oui, c’est gratuit, mais on a craint que ce soit trop régional ». « Parce que nous on veut passer des concours » coupe Perrine, en 3e année de théâtre. Elle adore inventer des formes avec d’autres. « Je voudrais entrer au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique (CNSAS) à Paris. Le concours est très sélectif : 6000 candidats, 30 places ! Ça ne fait rien… je tenterai. Plusieurs fois s’il le faut. J’adore ce que je fais. »
Le territoire est favorable, conclut Julien Delbes. Après le Covid, le métier repart. À la journée portes ouvertes, dernièrement, il y avait beaucoup de monde.
Françoise Rouquié
Véritable école ou marché de dupes ? « François Florent… que reste-t-il de lui ? Un commerce. Les jeunes achètent un temps passé dans ce lieu, une vitrine dont tout le monde se glorifie, mais pour moi c’est un marché de dupes. Certains qui réussissent l’examen d’entrée au conservatoire, y viennent aussi, en parallèle, pour s’assurer une technique mais ils viennent chez nous avec un esprit de consommateurs. Je paye donc je dois réussir, ce qui n’est pas du tout l’esprit qui convientpour devenir un comédien » |
AMIR, UNE RÉUSSITE Collège Lapierre, lycée Elie-Faure, théâtre à Cenon-Palmer, puis Paris les Cours Florent, puis l’inaccessible et fameux Conservatoire National d’Art Dramatique de Paris et… des séries et des films nombreux, dont le dernier en date cette année : « Gueules Noires ». Amir Abou El Kacem, un jeune de notre territoire, passionné de théâtre et très déterminé, est devenu un comédien qui compte. « Enormément de travail, dit-il. Dans ce métier, on doit trouver son style.L’école doit être inutile a dit Antoine Vitez. J’aime cette phrase. » |
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