Circulation dans le centre-ville en 1902. ©DR

L’exposition Villes Mobiles aux Archives de la Métropole jusqu’au 26 avril 2025 évoque le développement du trafic à Bordeaux et ses environs du XIXe siècle au XXIe siècle. Mais c’est la genèse des transports en communs qui frappe le visiteur.

Trois documents étonnants permettent d’en saisir l’évolution jusqu’en 1914.

La place Tourny en 1858

Dans ce dessin au crayon de Jules Philippe on aperçoit des rues vastes et presque vides mais sans trottoir. L’espace urbain est occupé par les piétons, quelques cabriolets et au premier plan un omnibus hippomobile dont la première ligne a été ouverte en 1831. Le réaménagement des voies se met ensuite en place : pavage, trottoirs, bornes d’éclairage. La liaison entre les deux rives du fleuve, améliorée par l’ouverture du pont de pierre, en 1822, est aussi l’objet d’un trafic fluvial. Entre 1869 et 1883, sont créées des compagnies de petits bateaux omnibus, au doux nom d’Hirondelles, de Gondoles ou d’Abeilles.

Du tramway hippomobile au tramway électrique

La photo du tramway hippomobile date des années 1880. C’est en 1879 que le réseau de tramways hippomobiles est adopté par le Conseil municipal de Bordeaux. Il sera géré par des entreprises privées et fonctionnera en parallèle avec les omnibus hippomobiles. Le tramway sur rail était tiré par deux chevaux. Les lignes se développent à Bordeaux et sa banlieue.

En 1900, la mise en place du tramway électrique est décrétée : adaptation de l’écartement des rails, traction électrique par voie aérienne ou, pour 8 lignes du centre, par le sol, voitures sans impériale. Le réseau s’étend hors métropole vers Beychac-et-Cailleau en 1913. Sur une photo du tramway électrique datée de 1914, on voit des femmes remplacer les conducteurs partis à la guerre.

La circulation dans le centre-ville de Bordeaux en 1903

Ce dessin au crayon et gouache de Franc Malzac permet de distinguer les différents types de locomotion à l’angle des rue Vital-Carles et des Trois-Conils. On aperçoit bien la ligne de tramway électrique, les piétons sur le trottoir, et deux nouveautés : les cyclistes et les automobiles. Le vélocipède apparu fin 1860 est devenu à partir de 1892 un moyen démocratique de locomotion citadine dont la pratique sur la chaussée est très encadrée. L’automobile, plus rapide que les chevaux est vue comme le moyen de locomotion de l’avenir même si elle semble être un signe de richesse, d’où la présence du fiacre sûrement plus abordable.

À partir de 1914, tout s’accélère et très vite le trafic intra-muros devient difficile, ce qui donne lieu à des projets parfois fantasques (ceux de l’architecte Cyprien Alfred-Duprat) ou plus technologiques (le système GERTRUDE en 1976). Tout cela ainsi que les réalisations du XXIe siècle forment une partie de l’exposition à découvrir aux Archives de Bordeaux Métropole.

Danièle Heyd

Place Tourny en 1858. ©DR

Un tramway hippomobile. ©DR