Vers en mouvement  de Marco Godinho ©Sylvie Barrué

La 6e édition de la Nuit Verte, de retour au Parc Palmer samedi 24 septembre (après quatre ans d’éclipse), a accueilli un grand nombre de personnes venues profiter du lieu, des œuvres ou du point de vue, jusqu’à 2 heures du matin.

« Les Petites marches » : une entrée en douceur dans la Nuit verte pour s’approprier l’histoire du territoire et retrouver les sensations d’un corps en mouvement. Cette année, « Les Petites marches », animées par une médiatrice culturelle et un habitant-complice, permettait de rejoindre le Parc Palmer depuis les communes limitrophes : Floirac, Cenon, Lormont, Bassens et même Bordeaux Stalingrad. Dès 17 heures, ces balades étaient l’occasion d’observer et d’écouter l’histoire des lieux traversés. Pour faciliter le contact entre les membres du groupe, un questionnaire était donné.

La thématique du langage, choisie cette année, évoque la communication dans la société, l’expression de soi, l’écoute de l’autre. Des œuvres très différentes ont été proposées dont certaines participatives.

Sur les neuf artistes exposants, quatre artistes en résidence ont associé scolaires et associations à leurs œuvres. Serge Damon, concepteur lumière et scénographe, a travaillé avec la classe « Panorama » de l’école Jules-Guesde de Cenon ; Anna Holveck a récolté des berceuses en diverses langues auprès des habitants de la Rive droite pour ses « Ritournelles ». Pour « Aquelarre (el Balcon) », troublante performance, Loreto Martinez Tronoso a enregistré des expressions d’affirmation de soi auprès de femmes du centre social La Colline, de La Ruelle ainsi que du club de Rugby féminin de Lormont. Enfin, le magnifique « Mur des mots » de Bocar Niang qui recouvre la façade du Château Palmer, a été conçu avec l’aide de l’Espace Textile de Cenon et de l’association Solidar’Vêt de Bassens.

Secrets et trésors des visiteurs

Au cours de cette Nuit verte, d’autres artistes ont interrogé les langages. Le numérique pour Mona Young-eun Kim et son totem de lumière. Marco Godinho a, lui, fait imprimer sur les tee-shirts des médiatrices en mouvement les vers d’un poème, « Dans la nuit/Comme la nuit ». Le spectaculaire Bryan Campbell a déroulé sur toute la durée de l’évènement la diction d’un texte sur le mode du « filibuster » (technique parlementaire visant à bloquer le vote d’une loi au Sénat américain, NDLR). L’Afghane Kubra Khademi travaille sur l’exil et proposait au public de coudre au fil doré leurs secrets, leurs trésors (un mot, un message, un objet) dans les poches d’un gilet. Ariane Michel associait quant à elle l’image et les sons dans La Forêt des gestes.

Dans chaque lieu, des chaises longues invitaient à l’écoute, au calme, à la méditation. C’était aussi l’occasion de rencontrer les artistes, présents pour la plupart, et de se restaurer en appréciant les cuisines du monde. Après quatre ans d’absence, la Nuit verte a su retrouver son public.

Sylvie Barrué

 

Vers en mouvement  de Marco Godinho ©Sylvie Barrué

Des fils et des mots sur les gilets de l’exil, Kubra Khademi ©Sylvie Barrué