Demi-armure du duc d’Epernon, réalisée vers 1606 ©Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais – Pascal Segrette
Du 4 juin au 7 novembre 2021 a lieu au château de Cadillac la très belle exposition sur les « Cadets de Gascogne ». Elle se fait en partenariat avec le musée de l’Armée qui a prêté des éléments de ses collections.
Il s’agit dans cette exposition de célébrer 12 grands soldats gascons qui ont participé à l’Histoire de France, du Moyen Âge au Premier Empire. Tous ont les qualités militaires reconnues aux Gascons : le courage, le panache et surtout la maîtrise des armes. Un moyen de confronter au réel l’image du Gascon valorisée par Alexandre Dumas ou Edmond Rostand et ridiculisée par Molière.
Une exposition en trois parties
Dans les appartements du duc d’Épernon l’exposition se divise en trois espaces centrés sur la loyauté de ces soldats à la cause qu’ils servent. Au sortir de la guerre de Cent Ans le Gascon est le vassal d’un seigneur mais ce lien peut changer en cours de route. Ainsi Charles d’Albret (1365-1415) rattacha sa maison au trône de France en combattant les Anglais tout en négociant avec eux en 1412 contre le roi de France. On trouve dans cet espace, aussi bien Étienne de Vignolles, compagnon de Jeanne d’Arc que Gaston de Foix et Blaise de Montluc et surtout le duc d’Épernon. Dans la suite du parcours le Gascon se met au service du roi et là parmi les 4 figures exposées on peut citer Jean de Gassion (1609-1647) qui, de simple cavalier devint par son mérite maréchal de France. Dans une vitrine, un objet témoigne de son panache et de sa bravoure en 1637 : ses bottes de cavalier. Lors d’une embuscade, obligé de traverser un fleuve à la nage, il les a vidées tranquillement de leur eau sous le feu de l’ennemi. Le circuit se termine par l’évocation de deux maréchaux de Napoléon : Lannes et Bernadotte. Le premier, originaire du Gers, mort au combat en 1809 a été pleuré par son empereur pour son courage et sa fidélité. Son sabre et son baudrier, cadeau de Napoléon, fascinent par leur ornements.
Paire de bottes de cavalerie, seconde moitié du XVIIe siècle ©Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais – Anne-Sylvaine Marre-Noël
Des armes spectaculaires
Les armures frappent l’œil par leur forme et leurs décorations. Symbole de force brute, celle d’Étienne de Vignolles, en acier gravé et doré avec un écu à ses armes. Époustouflante et impressionnante, celle en fer et laiton de Charles d’Albret, couverte d’un haubert de velours rouge. Mais vraiment princière la demi-armure d’apparat du duc d’Épernon en fer forgé gravé et doré. Autre élément remarquable : les épées. Non loin de l’épée de connétable de France au superbe fourreau incrusté de lys d’or, datant de la fin du XVe siècle, est placée une longue épée d’estoc et de taille provenant de la bataille de Castillon. Plus loin les pistolets de François Fournier Sarvolèze (1773-1827) rappellent que le but de ces armes c’est de donner la mort.
Réalité et fiction
Au cours de la visite, on découvre que ces Gascons réels ont été à la source des Gascons de fiction. Le maréchal de Grammont a pu inspirer Rostand pour son comte de Guiche. L’esprit batailleur et querelleur d’Étienne de Vignolles ou l’intrépidité de Jean de Gassion se retrouvent dans les personnages des Trois Mousquetaires et de Cyrano. Étonnant et amusant.
S’il reste du temps il faut revoir les autres pièces du château avec leurs nouveaux dispositifs numériques qui enrichissent la visite et la rendent plus vivante.
Danièle Heyd