PARIS 2119, de Zep et Bertail (Éditions Rue de Sèvres)

Cette BD futuriste nous plonge dans un Paris post pollution où il pleut tout le temps. Ce décor déprimant est illustré par les teintes froides des images. Dans ce XXIIe siècle les hommes sont suivis et épiés sans cesse par des mini-drones grâce à la puce électronique implantée dans leur bras. Tristan Keys, le héros, vit en couple avec une superbe noire, Kloé. Si elle se sent bien dans son époque, lui regrette le siècle précédent dont il reste des vestiges comme le métro ou le train. Mais ceux-ci sont délaissés par ses contemporains au profit de la téléportation utilisée par la société Transcore. Un jour, Tristan, en allant à un rendez-vous de travail croise dans le métro une femme à demi morte qui se révèle bien vivante lors de cet entretien, car elle est son employeur. Mais elle ne se souvient de rien. À partir de là il va mener son enquête et s’apercevoir que la société Transcore est la cause de ce dédoublement car sa technique de téléportation est bien opaque. Un thriller haletant servi par des images élégantes et inquiétantes. Un monde futur digne d’Orwell où la Science est utilisée à des fins totalitaires et pour qui les Hommes ne sont que des clones. Intéressant et agréable à lire.

Danièle Heyd

PEREIRA PRÉTEND, d’Antonio Tabucchi (Éditions Folio)

Ce livre surprend le lecteur par son titre que l’on retrouve tout au long des chapitres et par l’évolution du personnage. Nous sommes à Lisbonne en 1938, sous la dictature de Salazar très proche de Franco et d’Hitler. Le « doutor » Pereira est le responsable de la page culturelle de Lisboa, un modeste journal dans la ligne du régime. Célibataire, il est occupé essentiellement par ses maux de cœur, d’intestins, son obésité et son interrogation sur la mort. Tout va progressivement changer en lui lors de sa rencontre avec le jeune Monteiro Rossi, auteur d’un mémoire sur la mort. Au lieu du philosophe attendu, il a devant lui un jeune homme plein de vie, engagé dans la Résistance par amour. Pourquoi l’embauche-t-il comme stagiaire dans son journal ? Il ne le sait pas lui-même. Mais au fil des rencontres, ses yeux vont progressivement se dessiller sur Salazar et sa police politique, l’amenant à la fin à rompre avec ce régime par un coup d’éclat. L’originalité du roman vient du double narrateur et du mélange entre la trivialité de la vie de Pereira et la dénonciation de moins en moins feutrée du salazarisme.
À lire absolument.

Danièle Heyd