L’ABOLITION DES PRIVILÈGES, de Bertrand Guillot (Éditions Les Avrils)

L’auteur fait revivre sous la forme d’un polar, la folle nuit du 4 août 1789 qui marque, par l’abolition des privilèges, la fin de l’Ancien Régime. Au départ, on assiste à une séance de l’Assemblée Constituante, réunie en soirée dans la salle des Menus Plaisirs à Versailles. Le débat piétine, les députés ont l’impression qu’il ne se passera rien. Grave erreur ! Le Vicomte de Noailles monte à la tribune pour lancer l’attaque contre les privilèges de la noblesse et du clergé. À  partir de là commence une nuit de folie d’où sortira la nation française. Après cette scène de crime contre l’ordre ancien, l’auteur cherche le coupable, et là, c’est la surprise ! Puis il rembobine la scène d’ouverture pour démontrer que la nuit du 4 août n’était pas due au hasard. Cette présentation inédite d’un fait historique frappe le lecteur qu’amusent aussi la galerie de personnages évoqués et les références à notre temps. Enfin l’Histoire comme on l’aime !

Danièle Heyd 

LES IMPATIENTES, de Djaïli Amadou Amal (Éditions « j’ai lu » poche)

Trois femmes, trois histoires, trois destins liés. Ce livre qui a reçu le prix Goncourt des lycéens 2020 se passe au début du XXIe siècle à Maroua dans le nord Cameroun. Ramla est arrachée à son amour pour être mariée à l’époux de Safira, tandis que Hindou, sa sœur, est contrainte d’épouser son cousin qui se révèle violent. Chaque famille dans ce milieu aisé est organisée autour du père et des oncles. Ils n’hésitent pas à sacrifier leurs filles pour faire des affaires, défendre l’honneur. Les femmes, bien qu’elles compatissent au sort des autres, prolongent les traditions, ne savent répondre que « munytal » (patience en Peul) et par là même ne protègent pas les jeunes filles des traumatismes qu’elles ont elles-mêmes subis. Mariage forcé, viol conjugal, polygamie, appels aux marabouts, gris-gris et sorcellerie : Djaïli Amadou Amal dénonce la condition féminine au Sahel et nous livre un roman bouleversant sur la question universelle des violences faites aux femmes.

Maïté Lavie