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À l’initiative du département, de la ville de Bordeaux et du collectif Accliimat’Action, la Fabrique Pola a accueilli, le 19 mars, le lancement officiel de l’expérimentation en Gironde d’une caisse commune de l’alimentation.

Un Français sur dix ne mange pas à sa faim, et les producteurs sont mal rémunérés. Ce constat atterrant mobilise depuis longtemps des associations, des Sociétés coopératives de production (Scop) mais aussi des collectivités proposant des alternatives à la grande distribution et luttant contre une précarité alimentaire en hausse. L’an dernier le Département, la Ville de Bordeaux et le collectif Acclimat’Action, avaient projeté la création d’une « carte Vitale de l’alimentation » donnant accès à des produits conventionnés. Cette année est expérimenté ce droit universel à une alimentation de qualité et à une juste rémunération des agriculteurs. Inspirée du modèle de la Sécurité sociale, la Caisse commune de l’alimentation en Gironde réunit 400 volontaires sur 4 territoires : Bordeaux, Bègles, le Sud-Gironde et le Pays Foyen.

Comment cela fonctionne-t-il ?

L’idée, soutenue dans le projet est d’intégrer l’alimentation dans le régime général des droits sociaux, par la création d’une nouvelle branche de la Sécurité sociale. La SSA (Sécurité Sociale Alimentaire) s’appuie sur deux piliers : « l’universalité » et le « financement par la cotisation sociale ».
Concrètement, le dispositif fonctionnera avec une « carte Vitale de l’alimentation » qui donnera accès à des produits conventionnés, pour un montant de 150 euros environ par mois et par personne.
On cotise selon ses moyens, on reçoit selon ses besoins. L’accès est ouvert à tous pour favoriser la mixité et la solidarité. Une monnaie locale pourra garantir la circulation interne des échanges entre les cotisants et les producteurs conventionnés.

On cotise selon ses moyens, on reçoit selon ses besoins

L’expérience a déjà été réalisée dans plusieurs régions de France, à Bordeaux notamment avec 150 bénéficiaires sur le campus : la cotisation est libre, avec un minimum mensuel de 10 €. En contrepartie les étudiants reçoivent l’équivalent de 100 euros, en gemmes, la monnaie locale, à utiliser dans les établissements conventionnés.

Vers une réflexion citoyenne et démocratique : le vrac Bordeaux

Les conventionnements se décident avec les citoyens au sein des caisses locales, selon les critères suivants : l’inclusivité, l’accessibilité, la proximité de la production, la durabilité des pratiques agricoles, la transparence, la juste rémunération, et le bien-être au travail.
Des modèles sont déjà à l’œuvre dans des associations de notre territoire. Le VRAC Bordeaux, (Vers un réseau d’Achat en Commun) créé en 2017, favorise l’accès à une alimentation de qualité à Bacalan, Lormont, Cenon, Floirac, la Benauge. Le lien social est central grâce aux activités favorisant les échanges et la créativité :
cuisine partagée, manifestations festives autour de l’alimentation, concours… Les 2 représentantes de Bordeaux qui ont gagné le concours national du VRAC à Lyon sont de la Marègue à Cenon.
Dans cette ville, le VRAC accompagne le parcours en 3 ans des habitants pour une démocratie alimentaire, à travers la réalisation d’un court-métrage, Popote-story.
« Les citoyens réfléchissent, il faut voir les résultats de l’expérimentation entreprise autour de cette idée de Sécurité Sociale Alimentaire et laisser aux différentes caisses locales le choix d’adapter leurs actions, mais l’appui des collectivités est une porte ouverte » nous dit Coralie Loirat, coordinatrice du VRAC Bordeaux. À suivre…

Françoise Rouquié

Contact VRAC Bordeaux : coralie-bordeaux@vrac-asso.org