Une angélique au bord de l’estuaire ©Gilbert Perrez

Nous avons tous, à un moment ou un autre, en longeant les rives de la Dordogne, de la Gironde ou de l’estuaire, remarqué cette magnifique plante, endémique du Sud-Ouest, qu’est l’Angélique. Perchée à plus d’un mètre de hauteur elle fleurit au cœur de l’été et nous offre ses ombelles étoilées blanches ou verdâtres composées d’une centaine d’ombellules.

 

Cette plante pas banale présente une adaptation toute particulière pour survivre. Pour disséminer ses graines, elle n’utilise pas comme d’autres le vent, les oiseaux ou insectes, mais la marée. L’Angélique, au statut protégé, colonise les vases des berges surtout dans des petites anses soumises à de faibles vaguelettes même un peu salées. Elle a toujours attiré l’attention depuis l’Antiquité car elle se distingue du cortège floristique des rives des eaux de notre région.

Légendes

Une des légendes dit que l’archange Saint Michel aurait indiqué aux hommes ses bienfaits contre la peste. Plus tard, en 1510, le médecin et alchimiste Paracelse préconisait de boire un mélange de poudre d’angélique avec du vin pour éviter la contamination. Au Moyen Âge, cette plante dite « Herbes aux anges » passait pour conjurer le mauvais sort. Accrochée au cou des enfants, elle les protégeait des maux de toute nature. Les médecins de la Renaissance la surnommaient la « racine du Saint Esprit ». Olivier de Serres, l’agronome français, note en 1600 dans son « Théâtre d’agriculture des champs » qu’elle possède des vertus contre le venin.

Plante simple et aromatique

Étudiée scientifiquement depuis 1860 par les botanistes, protégée depuis 1982, elle possède bien d’autres propriétés que les Hommes ont su utiliser. En fait, plante médicinale ou simple elle permet en décoction ou en infusion de stimuler l’appétit et faciliter la digestion. L’aromatique angélique entre dans la composition de nombreuses pâtisseries et confiseries.

Au Moyen Âge, cette plante passait pour
conjurer le mauvais sort

Après la peste qui sévit à Niort en 1603 des religieuses utilisèrent l’angélique pour soigner l’épidémie et plus tard eurent l’idée de confire les graines et les tiges pour en faire des friandises dites bâtons d’angélique. Surtout elle servira à la fabrication de liqueurs, telle celle réputée « l’angélique de Niort ».

Enfin après distillation des graines ou racines de « angélique archangélica », ses fragrances suaves ont inspiré les parfumeurs qui l’associent à d’autres dérivés olfactifs. Son odeur herbacée ou boisée a séduit un grand parfumeur avec son « Angélique noire ». Un procédé permet également d’en tirer une huile entrant dans la composition des cosmétiques (savons, onguents). L’angélique : une vraie marquise des anses.

Gilbert Perrez