Membres de la Confrérie de la Mûre. ©GP

La route des coteaux menant à la commune rurale de Tabanac, appelée « coteau libre » à la Révolution, est bordée de ronces qui nous offrent une délicieuse baie sauvage : la mûre. Sa cueillette est un rendez-vous avec Dame Nature et la savourer directement sur le roncier est un péché mignon que les oiseaux partagent avec les promeneurs.

Ce fruit, en fait un faux fruit car non issu du pistil d’une fleur, est connu depuis l’Antiquité. Évoquée dans la Bible à l’époque de Jonathan, les Grecs surnommaient la mûre « le sang des Titans » et Pline la conseillait pour combattre la piqûre des serpents les plus dangereux. Les Amérindiens la mélangeaient à leur viande de bison séchée. Le 9e jour du mois Thermidor du calendrier républicain était appelé le jour des Mûres. Les gitans d’Espagne donnent à leurs bêtes de somme une mixture de mûres et de feuilles séchées pour les revigorer.
Cela se comprend quand on sait que la mûre a des vertus diététiques et thérapeutiques. Elle nous offre des vitamines C et E et les Anciens en faisaient des tisanes pour soigner les
inflammations des muqueuses de la bouche et de la gorge, mais aussi la diarrhée,…Cette rosacée, du genre Rubus, est un admirable don de la nature qui pour la découvrir et la déguster nous entraîne à travers les sentiers tabanacais.

Une savoureuse baie
Mais la mûre de Tabanac est celle qui pousse sur les ronces, arbustes épineux qui longent les murets, les chemins et les orées des bois. À ne pas confondre avec la mûre de l’arbre le murier moins juteuse et moins parfumée. Cet arbre fournit les feuilles dont raffolent par les vers à soies. La mûre des ronces, baie bleuâtre devenant noire à sa maturité, est un fruit fragile dont on doit vérifier l’esculence avant consommation. Toutes les petites drupes qui constituent le mûron ou mûre sauvage vont servir à la confection de sorbet, confiture, gelée, sirop et boisson rafraîchissante. Au XVe siècle, elle était savourée en hors d’œuvre, crue ou cuite. Les cuisiniers de l’époque mijotaient le poulet à la gelée de mûre originaire de Perse. Elle peut très bien remplacer les airelles dans une sauce accompagnant le gibier. Un Américain eut l’idée en 1881 de mélanger la mûre rouge à la framboise pour donner la muroise (Logan berry).

Confrérie de la mûre : fête le 3e week-end de novembre
De la quantité importante de ronces à Tabanac fournissant la mûre, les Tabanacais ont fondé la confrérie de la mûre le 21 juillet 2009. L’objectif de cette association est de faire connaître et développer les produits découlant de la cueillette de la mûre, tant pour sa pratique culinaire que pour la découverte et sauvegarde de l’environnement, du tourisme et des loisirs.
La cueillette de cette baie exquise sur les ronces mérite quelques égratignures.
Participez à la fête conviviale de la mûre et du terroir à Tabanac le 3e dimanche de novembre.

Gilbert Perrez

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